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Le 8 mai 2003
Publication d'origine : 1993
Ecrit par Nao/Gilles

Androgynes japonais

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Le temps passant, l'homosexualité devient plus discrète dans le shôjo manga : de plus en plus présente dans l'ensemble des oeuvres, mais moins "remarquable" à l'intérieur de celles-ci... Les années 90 ont vu la consécration de deux auteurs féminins de manga: Yun Kôga et le groupe Clamp. La première est surtout connue pour ses deux publications (qui ne sont pourtant pas les seules) chez Shinshokan (éditeur des revues South et Wings), Genji et Earthian. Genji (magnifique manga au passage !) se déroule dans deux dimensions parallèles du Japon: la nôtre, de nos jours, et un monde fantaisiste où les Taira et les Minamoto (deux clans ennemis du moyen-âge) se battent en armures mais... dans des tanks ou avec des lance-flammes. Le héros est un garçon de dix-huit ans, Katsumi (oui, je sais, un prénom de femme en général !), qui court après l'ombre de sa petite amie Sakura et ira la rechercher jusque dans cette étrange dimension, mais nourrit également une relation "spéciale" avec Yoshitsune Minamoto, petit frère de Genji (l'alter-ego de Katsumi dans cet autre monde), et avec Kiyomori, un Taira qui lui voue un véritable culte. Il y a beaucoup trop de choses à dire sur cette série, je ne me risquerai donc pas à vous en donner un résumé hasardeux. On pourra en tout cas remarquer que le héros, de par son assez jeune âge, est intrigué par cet entourage qui lui veut tant de "bien", et se laisse faire par... curiosité.

Il existe un OAV en deux épisodes de 45 minutes, dessiné par Michitaka Kikuchi de Silent Möbius et reprenant les cinq premiers mangas. Un passage marquant du premier épisode nous montre Yoshitsune voler un baiser à Katsumi, comme s'il avait enfin la possibilité de témoigner à cette "réincarnation" de son grand frère toute l'affection qu'il n'avait pu lui donner. Katsumi accepte, avec réticence toutefois, ce baiser qui, comme il lui dit, lui fait comprendre "mieux que n'importe quelle déclaration" à quel point Yoshitsune aimait Genji. Mais il reste hétéro, puisqu'il continue à chercher son Amour éternel. Je trouve que Yun Kôga a utilisé d'une très belle façon cet "effet de mode" du shôjo manga... Notez que dans l'anime, Katsumi est doublé par Nozomu Sasaki, spécialiste des hommes effeminés. Il a par exemple donné sa voix à Shin des YST, ou à Chihaya, héros pas très macho d'Earthian. Quant à Clamp, leur Rg Veda (voir Namida 3) nous présente l'Androgyne-type, Ashura, qui n'est vraiment ni homme ni femme et est donc classé(e) dans la catégorie des personnages féminins par Animage et des personnages masculins par Anime V !!!

On peut dire la même chose de Nataku (dans X, toujours de Clamp), un être artificiel dépourvu d'identité sexuelle, d'apparence pourtant masculine mais qui renferme l'âme d'une jeune fille...

Ce ne sont que deux exemples de mangas pour montrer que l'homosexualité est la plupart du temps passée au second plan (remarquez, ça vaut peut-être mieux), toutefois il arrive qu'elle soit encore un élément déterminant du scénario. Reprenons donc l'exemple de Clamp, avec un autre de leurs succès, que je commence à connaître par coeur: Tôkyô Babylon. L'histoire se déroule de nos jours dans un Tôkyô monstrueux, étouffé par la masse de ses habitants et son aspect cosmopolite. Elle est centrée autour de trois personnages principaux: deux jumeaux (le garçon, Subaru, et la fille, Hokuto) androgynes (à moins que ce ne soit Subaru qui est trop effeminé, car Hokuto est une femme et ça se voit) descendant de la famille des Sumeragi, réputée pour les pouvoirs paranormaux que possèdent tous ses membres, et Seishirô Sakurazuka, un sympathique (à première vue !) vétérinaire qui a proposé à ses deux amis de vivre chez lui.

Apparemment comme les autres, il se révèlera par la suite être le seul membre encore en vie du Sakurazuka-mori, clan des ténèbres ayant réuni de nombreux assassins dans le passé. Son regard, caché derrière ses lunettes, a le pouvoir de tuer, et il ne se gêne pas de le faire sur ceux qui lui barrent le chemin. C'est un être sadique qui prend plaisir à voir Subaru (très proche de Shun sur le plan de la sensibilité !!!) souffrir chaque jour en constatant les horreurs qui agitent la ville de Tôkyô.

Quel rapport avec l'homosexualité, me direz-vous ? Eh bien, il semblerait que la seule et unique raison pour laquelle il se soit impliqué dans la vie de Subaru est qu'il se nourrit de la tristesse des gens, et surtout de leur affection pour lui... Il se délecte à voir Subaru s'attacher progressivement à lui comme à un père. On pourrait le croire homosexuel, vu son comportement, mais ça n'est pas de l'amour, c'est de la haine... Un jeu d'amour et de haine entre un exorciste sensible et un vétérinaire sans pitié ! En fait, le manga est surtout axé autour de la vie quotidienne à Tôkyô au départ, en étudiant un aspect négatif de la ville (mise en parallèle avec Babylone) à chaque chapitre, mais par la suite on se concentre uniquement sur les sentiments de Subaru envers Seishirô.

Dans le tome 6, Subaru se rend compte qu'il éprouve effectivement de l'amour envers son aîné, et ne sait pas quoi en penser... Il est incapable, semble-t-il, d'éprouver de l'amour pour une femme en particulier, c'est plutôt de la compassion qu'il ressent pour chaque homme ou femme à la détresse, et pourtant il a des sentiments envers ce mystère vivant... Et il en a peur, peur qui découle de son innocence. Il a peut-être peur de n'Aimer qu'une personne en particulier, au mépris des autres ? Il n'est pas prêt pour une quelconque relation, mais il ne pourra plus arrêter la marche du destin, qui va se terminer de façon tragique...

Il arrive encore que les relations entre hommes soient le sujet principal d'un manga. Pour terminer cette rapide revue, je citerai donc la série des Zetsuai, créée par Minami Ozaki. Elle traite également de la torture des sentiments non partagés - ou partagés, mais refoulés par peur de vivre une relation différente.

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