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Le 31 mai 2004 à 02h01
Ecrit par Arion et French Daidalos

Kazuo Komatsubara

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Kazuo Komatsubara est un nom généralement moins considéré en France que celui d'autres grands animateurs comme Shingo Araki ou Akio Sugino, pour ne citer qu'eux. Pourtant, ce designer très familier des univers cultes de Leiji Matsumoto et Gô Nagai est associé à jamais à l'âge d'or de la Tôei et à certains personnages emblématiques de l'animation japonaise. Retour sur l'oeuvre d'un géant de l'animation trop tôt disparu.



A l'école du chat botté

Né le 24 décembre 43 à Yokohama, Kazuo Komatsubara est rapidement attiré par la bande-dessinée et les univers de Mitsuteru
Un mythe !
Yokoyama (Tetsujin 28, Babel II, Giant Robo) et Osamu Tezuka, source d'inspiration avouée et d'immense admiration. Adepte des kashibon, mangas en location qui font fureur à l'époque, fasciné par la beauté de l'animation (qui n'était encore qu'à ses premier pas), le jeune garçon n'était pourtant pas l'image que l'on pouvait se faire d'un dessinateur chevronné. Mais Komatsubara senior, amoureux de nature et de peinture, emmenait souvent son rejeton pour quelque balades dominicales dans des lieux aussi enchanteurs que pittoresques, au cours desquelles père et fils prenaient souvent le temps de peindre le magnifique paysage qui s'offrait alors à eux. Le hasard se mêlait à cette destinée naissante. Les Komatsubara vivaient à proximité d'un fameux studio de l'époque, Otogi Production, propriété d'un des pionniers de la BD japonaise Ryûichi Yokoyama.
Ken l'enfant loup
 [1] Ce dernier, un des plus importants animateurs du Japon à l'époque et créateur des premières publicités animées, exercait une réelle fascination sur toute une génération d'artistes. Kazuo et son père visitèrent fréquemment les lieux, et cette usine à rêves eut certainement un impact décisif sur le jeune garçon. Celui-ci se destinait dès lors à l'animation mais, contraint par le manque de moyens de ses parents, y renonça un temps et continua à fréquenter l'école. Quelques années plus tard, Komatsubara était devenu coloriste dans l'électro-ménager ! Mais il n'avait toujours pas renonçé à son rêve initial.

C'est ainsi que, après avoir découvert dans un quotidien une petite annonce de Mushi Production, le studio de son idôle Osamu Tezuka, il se présenta à un examen d'entrée. Recalé comme dessinateur, Tezuka en personne lui fit faire un essai comme coloriste mais, une fois encore, il ne parvint pas à convaincre et fut écarté définitivement. A 21 ans, nullement découragé, le jeune aspirant animateur frappa à la porte de la Tôei Dôga qui, à force de produire plusieurs séries et deux long-métrages par an, était désespérément à la recherche de main-d'oeuvre. Le 13 juillet 1964, Komatsubara réussisait l'examen d'entrée à l'école d'animation que la Toei venait de fonder (un programme intitulé Children's Corner) [2] et obtenait ainsi le droit à une formation de quatre mois. A la fin de cette période, pendant laquelle il étudia l'art de l'animation sous l'égide de pionniers comme Zenjirô "Sanae" Yamamoto (Saiyûki, Gulliver no Uchû Ryokô, Sindbad no bôken) [3], Masao Kumakawa (L'abeille et l'araignée), Sadao Tsukioka (Ookami shônen Ken, Senya Ichiya Monogatari, Ribbon no kishi) et Yasuo Ôtsuka (Lupin III, Mirai shônen Conan, Cagliostro no shiro), Komatsubara fut autorisé à travailler directement en tant qu'intervalliste sur
Tetsujin 28
certains animés, en guise de travaux pratiques. Il se fait ainsi les dents sur quelques animés célèbres comme Ookami shônen Ken (63-65, 86 épisodes), Tetsujin 28-gô pour le studio TCJ [4] (63-65, 83 épisodes), première série de robot géant imaginée par le très regretté Mitsuteru Yokoyama, Rainbow sentai Robin (66-67, 48 épisodes), Osomatsu-kun (66-67, 56 épisodes) [5], adaptation d'un manga humoristique de Fujio Akatsuka, et Mahô tsukai Sally (66-68, 109 épisodes), célèbre petite sorcière de Mitsuteru Yokoyama, encore lui, que nous connaissons bien en France.

A l'époque, il arrivait souvent que Komatsubara et les autres élèves de l'école apportent leur dôga (dessins intermédiaires) à la Tôei pour y être corrigé par les responsables des genga (plans clés).
"Nous ne faisions pas qu'apprendre, il nous arrivait aussi de voler des techniques. Lorsque nos aînés n'étaient pas là, nous jetions un coup d'oeil furtif aux dessins sur leur bureau. Il est regrettable qu'une chose qui était si naturelle soit vue d'un mauvais oeil dans le monde de l'animation actuel."
Ookami Shônen Ken, variante sur le thème de l'enfant loup, était la première série lançée par la Tôei afin de concurrencer Mushi Production, qui écrasait alors l'audience avec Tetsuwan Atom (Astro). Fière des accomplissements du jeune Kazuo, toute la famille Komatsubara s'était réunie à la maison familiale pour assister à un épisode de la série. [6]. Cette période fut riche en enseignements techniques mais, n'ayant pas réussi à obtenir les résultats lui permettant d'obtenir la promotion escomptée, Komatsubara dû passer à nouveau par d'autres cours de formations. A force de volonté, cependant, il fut rapidement engagé sur de nouvelles séries et même bombardé animateur clé sur Uchû Patrol Hopper (65, 44 épisodes) et Wonder 3 (65-66, 52 épisodes), une série de la Mushi sous-traitée par la Tôei [7]. Au début de 1968, l'animateur de 24 ans est
L'Etoile des Géants
engagé par Asahi Film, une branche de la Tôei Dôga, où il poursuivra son apprentissage en travaillant notamment comme animateur sur la très célèbre série de baseball Kyojin no Hoshi ("L'étoile des géants", 68) ou encore Sabu to Ichi torimonohikae (68-69, 52 épisodes), série réalisée par Rintarô et créée par le grand Shôtarô Ishinomori (Cyborg 009, Kamen Rider), avant de rejoindre Hatena Production en 69, studio qui collabore avec la Tôei sur la première série du célèbre Tiger Mask (69-71, 108 épisodes). Impressionné par son travail sur l'épisode 6, les producteurs lui confient la même responsabilité pour le reste de la série, qui constitue sa première prestation dans ce domaine. [8]. Avec cette série culte réalisée par Tomoharu Katsumata (Capitaine Flam, Waga seishun no Arcadia, Saint Seiya), il devient l'un des principaux character-designer de la Tôei. Un poste dans lequel il excellera, influençant toute une génération d'animateurs.
"Un character-designer ne doit pas nécessairement être un dessinateur très habile, car ce n'est pas ce qu'on lui demande. Ce qu'on lui demande, c'est de créer des personnages faciles à dessiner et faciles à mouvoir par les animateurs. Bref, il lui faut créer des personnages suffisemment expressifs et séduisants avec un minimum de traits. Par conséquent, de très bons dessinateurs peuvent être de très mauvais character-designer car leurs personnages sont trop complexes à dessiner ou mal adaptés à l'animation. L'animation, contrairement à d'autres boulots, est une activité qui se déroule en équipe, et dans cette équipe chacun doit posséder des capacités très spécifiques. Un Miyazaki, universellement apprécié comme réalisateur, ne pourrait pas faire du character-design, aussi habile dessinateur soit-il. Sa manière de dessiner est peut-être bonne pour la bande-dessinée, mais pas pour un animateur qui doit oeuvrer sur un grand nombre de projets avec une durée restreinte. La fonction de Miyazaki est de réaliser, et s'il n'avait pas un bon character-designer dans son équipe, jamais il ne parviendrait à transposer correctement ses idées en animation."
Cette première oeuvre commune avec le réalisateur Tomoharu Katsumata signait l'entame d'une longue et fructueuse collaboration :
"J'ai travaillé assez longtemps avec M. Katsumata, depuis l'époque de la Tôei. Comme M. Katsumata venait du monde des films live, il était très pointilleux sur les lignes de regard. Si la ligne de regard était un peu décalée il disait 'Non ! Avec cette ligne de regard, il ne regarde pas son interlocuteur !' C'est complètement du domaine du jeu d'acteur. Mais M. Katsumata ne sait pas dessiner (M. Katsumata, Pardon !) Pour les visages, il dessine juste un rond. Pour Tigermask, il écrivait simplement le katakana « ta ». Donc, il fallait que je mette les story-boards au propre. M. Katsumata dessinait des esquisses et moi, à côté, je réalisais les dessins, mais c'est une autre équipe qui mettait ses mots au propre. M. Katsumata étant issu du monde de la prise de vue réelle, il ne réalisait pas des esquisses de plans faciles à dessiner mais des plans énergiques et vigoureux. J'ai beaucoup appris grâce à ça."

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Merci à Ayou et Captain Jack pour leur aide au niveau des scans, notamment de l'art book "Animator the Great".
Et merci surtout à Daidai, pour son aide essentielle dans les traductions d'interview de l'artiste célébré dans ce dossier ! :-)
[1] Auteur de "Fuku-chan".

[2] Il s'agissait au début d'une filiale de la Tôei dirigée par Zenjirô Yamamoto à Ômori. Masao Kumakawa y venait une fois par semaine depuis la maison mère. La filiale devient Children's Corner et Sadao Tsukioka et Yasuo Ôtsuka vinrent diriger les opérations.

[3] Co-fondateur de la Tôei avec Taiji Yabushita

[4] Aujourd'hui devenu studio Eiken

[5] A ne pas confondre avec la deuxième série, produite par Studio Pierrot en 88-89

[6] Ookami Shônen Ken, diffusée en noir et blanc, était la première production de Yoshifumi Hatano (Saint Seiya). Elle vit aussi débuter un certain Hayao Miyazaki au poste d'intervalliste et profitait de la présence d'Isao Takahata parmi les réalisateurs !

[7] La Tôei devait faire face à l'époque à des frais d'entretients assez importants

[8] Il signait également le sub-character design sous la direction de Keiichirô Imura