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Le 2 avril 2004 à 15h01
Ecrit par Arion et Nao/Gilles

La Passion du Christ

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Casting

Le casting, largement inconnu ou méconnu, ajoute à l'authenticité du propos. Jim Caviezel était sans conteste le meilleur choix possible pour le rôle de Jésus de Nazareth. Fervent catholique, acteur de conviction, brillant et au visage expressif mêlé de douceur et de fermeté. Caviezel interprétait déjà une sorte de personnage christique dans le crépusculaire The Thin Red Line de Terrence Malick. Dans ce film humaniste et hypnotique, avec la guerre du Pacifique en toile de fond, il interprète le soldat Witt, pacifiste et dégoûté par la folie humaine. Gibson avait prévenu d'entrée son acteur qu'il pourrait s'agir de son dernier rôle au cinéma. Mais Caviezel s'impliqua littéralement corps et âme dans le projet. Blessé accidentalement dans la scène de flagellation, il eut aussi l'épaule déboitée en portant la croix et fut frappé par la foudre dans la scène de crucifixion (!). L'acteur, aux initiales JC et âgé de 33 ans comme le Christ à sa mort, aura donné son sang pour la cause. Il confère à un personnage souvent très lisse dans les imaginaires, une indéniable charisme.

Passion vs Tentation : "c'est trop LOL !"
Contrairement à la plupart des films bibliques, The Passion nous donne l'image d'un Christ se comportant comme une personne ordinaire. Ce Jésus n'est pas ce hippie propret, silencieux et drapé dans une robe blanche immaculée. Gibson nous montre, dans un flashback, Jésus le charpentier terminant de travailler une table... Tandis que sa mère Marie lui apporte un bol d'eau, il l'éclabousse gaiement dans un épisode touchant d'une relation mère/fils. Ce genre de scène, inhabituelle, où Jésus fait le pitre constitue une bouffée d'air frais bienvenue au milieu de toutes ces descriptions solennelles du Christ. Plus tôt, Caviezel nous donnait un appercu de l'humanité de Jésus à Gethsemani où il gronde ses disciples, endormis, alors qu'ils étaient censés rester éveillés. Jésus n'est pas un faible pour autant. Au cours de sa première entrevue avec Satan, il écrase vigoureusement le serpent du Diable et pose sur celui-ci un regard vif et solide. Aux côtés de Caviezel, dans le rôle de Marie-Madeleine, la bellissima Monica Bellucci est le dernier nom du casting ayant quelque résonance à Hollywood. Hristo Shopov est très convaincant dans le rôle du tourmenté Ponce Pilate, tandis que l'actrice italienne Rosalinda Celentano (The Others) incarne le sombre Satan, doublée par un homme pour donner un statut androgyne ou assexué au Malin.

Mentionnons la réussite plastique du personnage, d'autant plus que Celentano a dû se raser la tête et les sourcils pour le rôle. Mais notre coup de coeur ira à la brillante interprète roumaine de Marie, l'inconnue Maia Morgenstern (Nostradamus). Bouleversante, elle prend souvent le spectateur pour témoin en fixant la caméra d'un regard si intense et profond qu'on ne peut qu'être submergé par toute cette souffrance maternelle. Cet amour éternel et universel d'une mère pour son fils trouve sa sublime quintessence dans la scène où Marie se précipite vers son fils, faisant le parallèle entre Jésus trébuchant portant sa croix sur les pentes du Golgotha et son jeune enfant tombant dans le jardin familial bien des années auparavant. Une scène absolument merveilleuse. Les disciples et légionnaires romains sont talentueusement interprétés par d'illustres inconnus italiens et bulgares.


Attiser les passions

La Passion du Christ est un film dur, un film à message, source sans doute éternelle de controverse. On hésite souvent entre chef d'oeuvre et nanar de violence esthétisante. Le film est à la fois passionnant et repoussant, ce qui fait qu'il ne laisse personne indifférent, et que même si on aime ce film, on est obligé, quelque part, de le détester aussi. C'est en cela qu'il constitue indéniablement une véritable expérience cinématographique.

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Un grand merci à Valentine ! :-)
Quelques précisions de la part de Naoki...
- La quasi-totalité de l'article a été écrite par Arion (quel courage !)
- L'écriture s'est ensuite faite à quatre mains. Je me suis principalement occupé d'ajouter quelques paragraphes sur les langues mortes, La vie de Brian, South Park et mon film préféré, La dernière tentation du Christ. Au début nous devions d'ailleurs faire un article opposant la Passion et la Tentation, mais je n'ai pu participer par manque de temps. Je vous invite tout de même à aller lire ma critique sur Cyber Namida, écrite il y a déjà six ans.
- Tous les "Je" sont d'Arion. J'adore l'aspect artistique du film, mais j'ai quelques difficultés avec le fond, notamment la question de l'antisémitisme. Même si dans l'ensemble je suis d'accord avec les propos d'Arion, je me suis senti obligé de délirer sur les illustrations et quelques mauvais jeux de mots pour détendre l'atmosphère ;-)

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