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Il est de ces films qui vous chamboulent totalement et continuent de vous hanter bien après la fin de la séance, lorsque les lampes se rallument. Le dernier film de Sofia Coppola, fille de son père et réalisatrice prometteuse du non moins prometteur Virgin Suicides, est de ceux là.
Lost in Translation nous emporte dans la dérive affective et morale de deux êtres qui ont perdu tout repère. Bob Harris (Bill Murray) est un acteur américain quinquagénaire qui a connu son heure de gloire dans les années 70. Alors qu'il rêve d'autre chose pour sa vie, de scènes de théâtre et de tournages de cinéma, il effectue un voyage au Japon pour tourner une campagne de pub très lucrative pour un whisky. Au Pays du Soleil Levant, loin d'une carrière et d'un mariage dont le meilleur est définitivement révolu, loin d'enfants dont il oublie les anniversaires et qui finissent par oublier eux-mêmes jusqu'à l'existence même de leur père, Bob tente de retrouver un sens à sa vie dans un pays où le décalage culturel et linguistique exacerbe son sentiment de perdition. Dans son errance passée entre studios photos, longs couloirs froids et chambre d'hôtel impersonnelle, Bob fait la connaissance de Charlotte (Scarlett Johansson), une jeune américaine à peine diplômée, mariée à un photographe branché de passage au Japon pour immortaliser un groupe de rock à la mode. Résidant dans le même hôtel que Bob, délaissée par son artiste de mari, dont la passion semble davantage se tourner vers les pellicules et le microcosme jet-set, Charlotte perd pied avec ses sentiments et sa vie. Elle avance à l'aveuglette dans cette ville tentaculaire et fascinante qu'est Tôkyô. A l'image d'un mariage qu'elle ne reconnaît plus ("Je ne sais pas qui j'ai épousé"). Pour noyer sa solitude et son ennui. Charlotte et Bob se rencontrent alors qu'ils traversent le même état "atmosphérique", celui que traversent les égarés sentimentaux. De regards en regards puis de mots en mots, soir après soir, ils finiront par discuter de leur mariage, de leur bonheur et du sens de la vie. Perdu dans leurs existences respectives, leur rencontre de hasard donne lieu à un lien dont l'intensité semble dépasser tout ce qu'ils ont vécu jusqu'alors. Nul ne saurait définir ce flou qui sépare les contours de l'amour et de l'amitié, de l'infidélité et de l'attachement. On rit beaucoup de ces situations cocasses dans ce Japon si différent, du portrait au vitriol des stars hollywoodiennes en promotion à l'étranger, des artistes branchés... Et puis l'on tressaille lorsque la rencontre se produit. Deux être qui s'amusent pour ne pas pleurer, qui cabotinent, qui trompent leur ennui et leur mal être en plongeant dans l'inconnu. Pour se perdre. Et mieux se (re)trouver. Car il se passe quelque chose. On frissonne lors d'un sourire, notre respiration s'interrompt le temps d'un regard, on sombre dans la joie et la tristesse simultanément au fil d'une complicité intense et tendre qui ne pourra jamais totalement aboutir. On tremble à mesure que la date du départ approche, et puis l'on succombe aux mots d'amour pudiques et déguisés. Je n'ai pas envie de partir. Alors ne le faites pas et restez ici, avec moi On laisse définitivement place à l'émotion la plus profonde et la plus sincère. A la détresse et aux non-dit. Chaque plan nous transperce le cœur d'une beauté déchirante et nostalgique rarement ressentie au cinéma. Notre cœur se serre au gré de cette relation intense parce que sans lendemain, puissante parce que fulgurante. Poignante car spontanée et sincère. Nous sommes chavirés par l'élégance et la subtilité d'un récit jamais niais qui résonne dans les recoins les plus profonds de notre âme. Nous craquons pour ces deux personnages (et acteurs) bouleversants... Pour l'une des plus belles et subtiles romances de l'histoire du cinéma. Le film est une véritable métaphore de tous ces souvenirs d'instants précis, très courts, qu'on gardera précieusement toute sa vie. Nul doute que Sofia Coppola aura mis beaucoup d'elle-même dans ce récit, de cette sensibilité mise en image avec un talent que plus personne ne lui conteste désormais. Porté par les cris du coeur de la presse et du public, ce film envoûtant et doux comme le miel (comme le scande la très belle chanson de The Jesus & Mary Chain à la fin du film) est sans aucun doute le meilleur film de l'année 2003. Le film a embrasé la critique américaine puis mondiale. Film de l'année (National Board of Review, Critiques de Toronto et de San Francisco), meilleur réalisateur (Critiques de Boston et de New York), meilleur scénario ( Toronto), meilleur acteur (à Boston, San Francisco, Toronto et New York), meilleure actrice (à Boston et Venise), sans parler des cinq nominations aux Golden Globes (dont 3 victorieuses : Film, acteur et scénario) et des quatre nominations aux Independant Spirit Awards (4). Sans oublier l'Oscar du meilleur scénario original et les nominations de Meilleur Acteur et Meilleur Actrice pour Murray et Johansson. Scarlett Johansson , touchante et craquante de fragilité, et surtout Bill Murray, magnifique dans la peau d'un acteur déclinant qui lui ressemble, aux yeux implorants, à la tendresse et à l'humour irrésistibles, qui aurait dû se retrouver avec une statuette dans les mains le soir des Oscars si le magnifique Sean Penn ne lui avait pas "volé" la vedette pour Mystic River. Porté par une B.O. sublime, magnifiquement mélancolique (Kevin Shields, Squarepusher, Phoenix, Air, The Jesus & Mary Chain...), ne manquez pas avec ce film l'occasion de vous perdre avec ces personnages inoubliables. Lost in Translation Ecrit et réalisé par Sofia Coppola Etats-Unis (2003) - 112 mn Avec Bill Murray, Scarlet Johansson, Giovanni Ribisi, Anna Faris.
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