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Le 24 novembre 2003 à 13h30
Ecrit par Arion

Six Feet Under

Mourir pour mieux renaître

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Cette série est une merveille... Un OVNI télévisuel. La meilleure chose qui soit arrivée à la petite lucarne depuis Twin Peaks. Un mélange d'humour noir, de tristesse, de mélancolie, de foi en l'avenir et de sincérité. C'est du vrai, et c'est pour cela que chaque épisode constitue une véritable expérience, une introspection, un examen au microscope de nos vies, toutes si singulières. Un article en guise d'hommage. Pour rire et pleurer, mais surtout pour vivre !
La mort vous va si bien !

Affiche promotionnelle pour la 2ème saison


Diffusée en France sur Canal Jimmy et Canal +, Six Feet Under (Six Pieds Sous Terre) est en passe de devenir une série culte. Rares sont les séries télévisées à avoir atteint un tel degré d'excellence, tant au niveau de l'écriture que de l'interprétation. Créée en 2001 par Alan Ball, scénariste du non moins culte et multi-oscarisé American Beauty, la série est diffusée aux Etats-Unis sur la chaîne HBO, une chaîne câblée à laquelle on doit quelques-unes des plus belles séries de ces dernières années (The Sopranos, Sex and the City, Oz, Band of Brothers...). Le statut de cette chaîne permet à de nombreux auteurs d'y trouver une très grande liberté artistique et un terrain propice à de nouvelles expériences télévisuelles. En effet, quelle chaîne aurait pu héberger une œuvre aussi résolument anticonformiste que Six Feet Under, qui se permet le luxe de briser plusieurs tabous majeurs. Le premier est celui de la mort... Les héros d'Alan Ball évoluent dans l'entreprise familiale de pompes funèbres Fisher & Sons. La mort sert de moteur à une profonde réflexion personnelle, à une exploration de la psyché humaine et à une bonne dose d'ironie. Un second tabou important qui vole en éclat est celui de l'homosexualité. Alan Ball étant ouvertement gay (après un coming out tardif à 30 ans), celui-ci prit le parti de montrer des scènes d'amour explicites entre hommes dans sa série. Contrairement aux productions télévisuelles habituelles, exit le gay épanoui et caricatural. Ball opte pour l'illustration de sa propre expérience, empreinte d'indécision, de honte, de culpabilité et de doutes comme ceux qui assaillent David Fisher tout au long de la série. A travers lui, c'est toute la difficulté de s'accepter tel que l'on est et revendiquer sans honte sa propre individualité. Six Feet Under donne une leçon de tolérance et, au bout du compte, une leçon de vie.

Les mystères d'un funérarium

Suite à la mort accidentelle du patriarche de la famille, Nathaniel Fisher, les deux fils David et Nate (Nathaniel junior) héritent l'entreprise familiale à Los Angeles. La disparition de ce personnage secret et sarcastique va faire basculer l'existence de la famille toute entière. Nate, le fils aîné, a fuit le cocon familial assez tôt... Son envol précoce traduit sa volonté d'échapper à ses peurs et ses démons, la mort et le climat lugubre et déprimant du manoir familial. Installé à Seattle, il ne revient à Los Angeles qu'en de rares occasion, pour assister aux repas de fêtes que sa mère Ruth met tant de fièvre à préparer. En route vers L.A. pour passer les fêtes de Noël, il apprend le décès de son père sur le chemin de l'aéroport. Après les obsèques
Affiche promotionnelle pour la 1ère saison
de son père, nous savons qu'il ne repartira plus. Le testament de Nathaniel stipule que son fils Nate héritera 50 % de l'affaire familiale à son décès. Ebahi, il reprend à contrecoeur l'affaire avec son frère David, lequel est dévoué corps et âme à celle-ci. Sa liberté de cœur et d'esprit font de Nate un personnage d'une richesse fascinante, écartelé entre un véritable don, celui de canaliser la peine des gens et de pouvoir les consoler, et sa peur panique de la mort.

La famille Fisher est à nouveau réunie, pour le plus grand plaisir de Ruth, veuve éplorée et rongée par les remords, tiraillée entre son désir de continuer à mener une vie sentimentale et l'incapacité de se résoudre à accepter le fait que ses enfants ont grandi. Claire, la cadette âgée de 17 ans, est en pleine crise adolescente. Elle éprouve des difficultés à se situer entre une famille qu'elle estime cinglée et un quotidien qui la révulse. Malgré tout, contrairement à son frère David qui cache bien des secrets, elle affirme sa singularité en allant au lycée dans un corbillard repeint en vert et assume son look, malgré les railleries de ses camarades. Quant à David, il est le fils modèle... Celui qui suit les traces du père et qui assume tant bien que mal les responsabilités familiales. Sous son apparence pédante, forte, droite et immaculée, il tente de cacher une homosexualité refoulée, vécue de manière clandestine, et un véritable besoin d'amour.
Brenda, que Nate rencontre sur le vol Seattle-L.A. et qui deviendra sa petite amie, est une femme d'apparence frivole et désinvolte qui dissimule elle aussi de profondes blessures et de terribles secrets. Feu Nathaniel Fisher, quant à lui, vient régulièrement hanter ses proches, les abreuvant de commentaires toujours plus sarcastiques, mais néanmoins plus profonds qu'ils n'y paraissent...

La mort comme un commencement

Chaque épisode débute par le décès d'un inconnu qui sera ensuite pris en main par le thanatopracteur de Fisher & sons, Federico. Les événements qui suivent cette disparition sont
Nate et Brenda
autant de prétextes à d'intenses réflexions sur la vie et les relations humaines, illustrées par l' histoire personnelle du défunt. Parallèlement, la famille Fisher se lie inextricablement à cette prise de recul sur la mort qui entraîne tourments et interrogations. La mort n'épargne personne, c'est ainsi que nous assistons à la mort subite d'un bébé, à la disparition d'un enfant de 6 ans, d'une star du porno, d'un jeune gangster ou encore d'un jeune homosexuel battu à mort par des homophobes... Tout cela est abordé sans complaisance malsaine ni voyeurisme, et permet aux personnages principaux d'exprimer les craintes de leur propre disparition ou de celle de leurs proches, tout en réalisant une cartographie sociale précise de nos sociétés.

Trop lugubre et sinistre, dites-vous ? Détrompez-vous car si la profondeur de la réflexion et du désarroi est réelle dans cette série, la réussite principale réside peut-être dans son humour décapant et terriblement décalé. L'illustration la plus parfaite de l'humour noir. Outre l'humour, c'est l'Emotion qui est l'essence véritable de cette série. Il ne s'agit pas de cette émotion sirupeuse et rose bonbon des soap opera américains. Entre tristesse, mélancolie et sincérité sentimentale, c'est à toute la gamme des émotions humaines à laquelle nous assistons pour notre plus grand plaisir. On rit... On pleure, dans Six Feet Under... Mais de cette tristesse qui fait aimer la vie.

Derrière la caméra et récompenses

Le casting de la série, maintes fois primé, est une des raisons essentielles de son succès.
Peter Krause (Nate), Rachel Griffiths (Brenda), Michael C. Hall (David), Lauren Ambrose (Claire), Frances Conroy (Ruth), Richard Jenkins (Nathaniel), Matthew St Patrick (Keith), Freddy Rodriguez (Federico)... Des performances inoubliables à la hauteur des personnages qu'ils incarnent. Rarement série télévisée aura atteint une telle sincérité et une telle authenticité dans le rendu du panel des émotions humaines. Quant des textes magnifiques sont illustrés de si brillante manière,
Succès populaire et médiatique
le succès ne pouvait qu'être complet. Forte d'un bouche à oreille très élogieux, Six Feet Under acquiert le respect et l'admiration du public et des critiques. Après une flopée de prix, la série est définitivement couronnée aux Golden Globes dans la catégorie "Meilleure série dramatique".
Pour illustrer ce triomphe, voici la liste des récompenses principales :

GLAAD Media Awards 2003 (meilleure série dramatique), The Peadoby Awards 2003 (meilleure série sur le câble), Screen Actors Guild Awards 2003 (meilleur casting pour une série dramatique), British Comedy Award 2002 (meilleure comédie télévisée internationale), Casting Society of America 2002 (meilleur casting pour la télévision), Emmy Awards 2002 (meilleur casting pour une série dramatique, meilleur réalisateur pour une série dramatique, meilleure guest star dans une série drematique, meilleur générique pour une série, meilleure musique pour un générique de début, meilleur maquillage), Television Critics Association Awards 2002 (meilleure réussite pour une série dramatique), GLAAD Media Awards 2002 (meilleure série dramatique), Golden Reel Award 2002 (meilleur son), Directors Guild of America Awards 2002 (meilleure équipe de réalisation de nuit pour une série dramatique), Cinema Audio Society Awards 2002 (meilleur mixage sonore pour la télévision), Award for excellence in production design 2002, Hollywood Makeup Artist and Hair Stylist Guild Awards 2002 (Meilleur maquillage), Golden Globes 2002 (meilleure performance d'une actrice de second rôle dans une série, minisérie ou téléfilm, meilleure série télévisée dramatique).

Après trois saisons de 13 épisodes chacune, le tournage de la quatrième saison devrait débuter en juin 2004. Pour quelques heures de bonheur supplémentaires et de miracle télévisuel... Ô joie !
 

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