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Le 8 mai 2003
Publication d'origine : 1993
Ecrit par Nao/Gilles

Androgynes japonais

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Une autre célébrité du shôjo manga qui a utilisé à outrance le principe de l'ambiguïté des sexes est Riyoko Ikeda, créatrice de Versailles no bara (1972)... Inutile de préciser qu'Oscar est à la fois homme et femme ! Ce personnage fabuleux est largement inspiré d'une autre femme travestie en homme pour les besoins de la Couronne: Saphir, dans Ribon no kishi (ou Prince Saphir) d'Osamu Tezuka (1953), le tout premier manga pour filles... Comme par hasard. Alors, la présence des Androgynes dans les mangas pour filles remonterait donc à leur naissance même !

Toujours de la part de Riyoko Ikeda, on trouve facilement un autre exemple. Pour ceux qui n'ont pas lu Namida 2 (bientôt sur ce site) ou qui ne l'ont pas fait depuis longtemps, je vais vous éclaircir la mémoire. Oniisama é... ou Très cher frère, manga publié en 1974 et adapté en animation en 1991, se déroule dans un lycée pour jeunes filles assez strict, où règne une autorité officieuse, le Sorority Club dirigé par Fukiko Ichinomiya, également appelée Mlle Miya. Ce cercle d'élèves prestigieux n'accepte comme membres que des lycéennes aux moeurs parfaites, aux résultats scolaires excellents, enfin vous voyez le topo. D'où jalousie entre les élèves et ce qui s'ensuit, et bien sûr l'impression de l'héroïne, Nanako, de revenir au Moyen-Âge en entrant dans cet établissement. Elle perd même dans l'affaire son amie de toujours, Tomoko (et encore plus dans le manga, où cette amitié ne retrouvera plus jamais sa force d'autrefois !), ce qui est la preuve qu'elle a changé de vie.

Pour ne pas perdre pied, elle s'accroche à des éléments de l'Extérieur, comme son ami et ancien professeur Takehiko Henmi (qu'elle appelle son "très cher frère" sans savoir qu'il est en réalité son demi-frère), ou encore Saint-Just (alias Rei) et Kaoru, deux élèves plus âgées qui se sont rebellées contre l'ordre établi par le Sorority et finiront par réussir à le faire dissoudre. Ces deux jeunes femmes ont justement (et c'est justement ce qui nous intéresse présentement, on y arrive) la particularité d'être androgynes et d'attirer étrangement toutes les filles du lycée, en particulier Saint-Just qui les charme du son de sa guitare (ou de son piano, dans le dessin animé !). Au passage, je vous ferai remarquer que la fin de l'oeuvre renvoie les personnages dans l'univers extérieur: Kaoru, la sportive qui rappelle un peu André Grandier (l'ami d'enfance de Lady Oscar), épouse Takehiko et s'en va en Allemagne. Dans le manga, elle mourra au bout d'un an des suites d'une maladie (j'adore la façon dont c'est raconté), mais dans l'anime elle guérira et donnera naissance à un beau bébé, Comme quoi elle est bien une femme... Oui, la série trahit le manga mais quelle joie de voir Kaoru enfin heureuse... Surtout que ce dernier épisode est fort réussi !

Pour en revenir au thème principal d'Oniisama e, il est facile de comprendre que la ségrégation des sexes (et/ou le caractère androgyne de certains personnages) finit souvent par "provoquer" l'homosexualité, l'attirance d'une personne pour une autre du même sexe. Ce sentiment qui est sous-jascent dans le superbe Oniisama e est par contre admis "officiellement" dans une autre oeuvre majeure des années 70, Kaze to ki no uta (1976), de Keiko Takemiya. Celle-ci s'est intéressée à tous les genres, avec la science-fiction (l'excellent Terra e, 1977, ne ratez pas le film en version sous-titrée anglais), les amours hétérosexuelles croisées ou autres (Natsu e no tobira), l'humour (Fly me to the moon !) et pas mal de mangas mélangeant plusieurs genres (Izaron densetsu...), il n'est donc pas étonnant qu'elle ait été l'une des premières (la première ?) à introduire l'homosexualité dans ses oeuvres et à la présenter comme un fait banal, presque courant.

Nous voici donc en 1880, dans un pensionnat pour garçons situé près d'Arles, dans le sud de la France, pays qui fascine les Japonais (et pas seulement eux), de par sa différence avec le leur. L'histoire est centrée autour de Serge Bailleul, nouveau venu qui partage sa chambre avec la star du collège, le jeune, beau, séduisant et surtout androgyne Gilbert Cocteau. Celui-ci est vu comme une femme par les autres élèves, qui ne rêvent que de partager une nuit avec lui. Un surveillant abuse de lui, provoquant ainsi la colère de Serge et la compassion de ce dernier pour lui. Cette relation va bien entendu se transformer en une véritable histoire d'amour. Et se terminer par un drame, la mort de Gilbert... Tout ceci n'est pas sans rappeler le roman "Les amitiés particulières", non ? (Comment ça, vous ne connaissez pas ? Mais moi non plus !)

L'animation s'intéressa à cette aventure. En 1987, Shôgakukan, Herald (la société productrice de l'excellent Ran, film d'Akira Kurosawa) et Konami (!) adaptent le manga en un OAV d'une heure reprenant les premiers volumes de l'histoire. Le staff ne sort pas de n'importe où, jugez plutôt: un storyboard du célèbre Yoshikazu Yasuhiko (Gundam, Venus wars, Arion, Crusher Joe), un character-design de Sachiko Kamimura (City hunter, Arslân legend, et encore Venus wars et Arion), et des dessins signés entre autres de Ken-ichi Ônuki (Earthian, Yôtôden), Tsukasa Dokité (Dirty pair, Captain Tylor, Patlabor 2), Hideyuki Motohashi (éminent membre des productions Araki, qui adapte souvent les oeuvres de Gô Nagai et de Mitsuteru Yokoyama), Toshihiro Kawamoto (character-designer de Gundam 0083 et Orguss 02), Kôichi Chigira (réalisateur de l'OAV de Tôkyô Babylon et d'un clip de Bronze, et assistant-réalisateur sur Venus wars) et même Keiko Takemiya elle-même, qui a fait quelques peintures à la fin de la vidéo.

Côté doublage, un choix également fabuleux: on peut entendre entre autres Kaneto Shiozawa (Mû dans Saint Seiya, Larva dans Miyu, Narcasse dans Arslân), Hiroshi Takemura (Tôma dans les Troopers, Joe dans Crusher Joe) dans le rôle de Pascal Biquet, ami de Serge et de Gilbert, Yoshiko Sakakibara (Kushana dans Nausicaä et de nombreux autres rôles), Jûrôta Kosugi (Rajura dans les Troopers) et même Shô Hayami (Kôji dans Zetsuai) dans le rôle du surveillant un peu trop zêlé (il faut le voir pour comprendre)........ Le résultat est magnifique, les voix sont superbes, les couleurs sont toutes très réussies, elles donnent une ambiance particulière au dessin animé, les décors (dessinés dans le style des tableaux "panoramiques" européens) la renforçant. Oui, c'est vrai, l'esthétique est à pleurer, mais bon, l'histoire est un peu trop axée sur le sexe... Enfin, pas plus que le manga, mais ce n'est pas à son honneur.

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