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Le 8 mai 2003
Publication d'origine : 1993
Ecrit par Nao/Gilles

Androgynes japonais

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Vous savez tous que les shôjo mangas sont très axés vers les éternelles histoires d'amour. Normal, ce sont des bandes dessinées destinées aux filles, qui sont souvent plus romantiques et sensibles que les garçons (pas tous les garçons). L'amour est donc vu par les mangaka sous toutes les coutures possibles.

Ainsi, les situations "banales", qu'on rencontre autant dans les mangas pour filles que dans ceux pour garçons, comme le couple de jeunes gens timides qui n'osent pas s'avouer leur amour mutuel et font durer la série pendant un nombre interminable de volumes, le triangle amoureux (dont l'un des membres finit immanquablement par être exclus, ou par sortir de son plein gré), ou encore ceux qui s'aiment et vivent ensemble mais ne veulent pas se le dire car l'un fait un métier dangereux et l'autre est son assistante plus que dévouée. Non, non, je ne pensais pas particulièrement à Maison Ikkoku, Orange road et City hunter... Ah, peut-être que si, finalement.

Tout cela est bien beau, mais le peuple demande de l'originalité, de la diversité. Le shôjo manga étant l'un des domaines artistiques les plus ouverts qui soient, il était donc normal qu'on voit un jour apparaître un nouveau genre d'histoire d'amour, preuve de la symbiose parfaite entre la réalité omni-présente dans les mangas et la fantaisie dont a besoin chacun de nous. Stop, accès réservé à ces demoiselles ! L'Androgyne fait son entrée dans le manga, pour faire chavirer le coeur de ses ami(e)s, et aussi celui des lectrices.

L'Androgyne... Kezako ? Littéralement "homme-femme", c'est, dans la littérature en particulier, une personne dont on a du mal à définir le sexe. Soit parce qu'il s'agit d'un homme qui se met du rouge à lèvres, a un peu de poitrine et une passion pour les roses, soit parce que c'est une femme aux gestes et paroles brusques, grande, plate et sportive.

Les deux cas se trouvent depuis toujours dans l'animation japonaise, car les Nippons aiment jouer sur l'ambiguïté des sexes. Dans Saint Seiya, c'est sans doute pour éviter de rendre trop machiste la série que Masami Kurumada a inséré le personnage de Shun parmi ses cinq héros. Il a, comme Shin dans les Samurai Troopers ou Reiga dans Shurato, plus d'hormones femelles que la moyenne. En effet, le jeune garçon (treize ans) est doté d'une sensibilité extraordinaire, sa voix a à peine mué (notamment en version originale), il pleurniche sans cesse et ne peut s'empêcher de réclamer l'aide de son grand frère, personnalisation du mâle même...

Mais il possède également une grande force, qu'il peut utiliser lorsqu'il arrive à se maîtriser. Il devient ainsi l'un des chevaliers de bronze les plus puissants. Ikki l'a compris et cherche à le faire changer. Ainsi, dans le dernier film, Saishûseisen no senshitachi (Lucifer ou les guerriers de la dernière croisade), il intervient pour l'aider et tue son adversaire, mais cette fois-ci il ne l'aide pas à se relever, et se contente de lui dire, sans se retourner: "si tu veux vraiment sauver Athéna, tu dois utiliser la force qui est en toi. Tu penses que la bataille est finie parce que ton ennemi est vaincu ? Non, le combat contre Lucifer ne fait que commencer !"... Et il se met à courir, laissant son frère désemparé derrière lui. Shun a bien réussi à vaincre Aphrodite et Syd... Il suffit qu'il ait confiance en lui. Etant donné qu'il est l'élément presque féminin du groupe, cette leçon est donc valable pour les deux sexes. Les filles l'ont entendue, et c'est sans doute ce qui a fait de Shun le chevalier préféré de ces dames...

Des hommes efféminés, on en connait beaucoup dans les oeuvres pour garçons. Il y en a d'autres dans Saint Seiya (Misty et Aphrodite bien sûr !), mais aussi dans High school ! Kimengumi (Le collège fou fou fou), Dragon Ball Z (sic ! souvenez-vous de Zarbon, le partenaire de Freezer, d'ailleurs doublé au Japon par Shô Hayami alias Kôji Nanjô de Zetsuai...), Fûma no Kojirô, Hokuto no Ken (quoiqu'ici il soit facile de différencier les hommes des femmes: il n'y a aucune ambiguïté sur la taille des poitrines et des muscles), et des dizaines voire des centaines d'autres. Mais chez les femmes, l'Androgyne est encore plus présent. Parfois, son ambiguïté sexuelle est même l'un des principaux intérêts de l'histoire.

Moto Hagio, une célébrité du shôjo manga qui donne beaucoup dans les débordements homosexuels, est à l'origine, il faut le signaler, d'un très beau dessin animé de science-fiction de 90 minutes sorti en 1986 et nommé Jû-ichi nin iru ("nous sommes onze"), dont je vais vous parler un peu car elle aborde le problème des androgynes. L'histoire se situe dans le futur. Dix jeunes gens d'origine et de milieu différents cherchent à passer un examen pour être admis à l'Académie de l'espace. Après une dure sélection, on leur propose une dernière épreuve: survivre 53 jours dans un vaisseau spatial abandonné. Evidemment, cette mission ne sera pas de tout repos, l'équipe étant confrontée à un mystérieux virus qu'ils essaieront d'empêcher de se propager, et à la présence d'un intrus, un onzième passager, qui sèmera la panique en son sein, puisque tous ont des motivations réelles. On imagine donc la tension qui règne entre les personnages.

Pourtant, le vaisseau sera le cadre de la naissance d'un Amour entre le héros, Tada, et un androgyne, Froll, qui a un passé très intéressant: sur sa planète, les êtres n'ont pas d'attributs sexuels à leur naissance. A leur majorité, on leur injecte soit des hormones mâles, soit des hormones femelles, ce qui entraîne des modifications physiques et détermine par la suite leur sexe. Mais là-bas, les femmes sont considérées comme des moins que rien, et elles sont condamnées à devenir l'énième épouse d'un (heureux) homme. Pour avoir le privilège d'appartenir au sexe masculin (c'est pas moi qui l'ai dit, uhuh !), il faut soit être le premier-né d'une famille, soit prouver ses grandes capacités. C'est pour cela que Froll veut entrer à l'Académie de l'espace, ce qui serait une preuve suffisante pour qu'on lui accorde ce dont elle rêve.

Tada, étant amoureux d'elle (je dis "elle" pour ne pas choquer, hein), est partagé entre le désir de faire son bonheur (ce qui implique la réussite de l'épreuve) et son envie de l'épouser. L'idée est vraiment extraordinaire. Rassurez-vous, le film se termine fort bien (voire un peu trop bien pour que ça soit crédible, selon moi). Il y a un autre androgyne dans l'équipage, Knume, mais il est plus légitime de dire que les habitants de sa planète sont des hommes pouvant se reproduire sans l'aide de femmes...

Pour en revenir au long-métrage, il a été dessiné par... Akio Sugino, character-designer de la célèbre série Oniisama e dont je vous parlerai par la suite, et de Cobra entre autres. A noter qu'il existe dans une excellente version française, mais elle reste dans les cartons d'AB Productions qui estime qu'elle a peu de chances de se vendre. Enfin, le manga originel, en un volume, a été publié aux USA en petits fascicules. L'adaptation est très sympathique, et conserve bien l'ambiance. Mais je vous recommande surtout le film.

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