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Le 8 mai 2003
Publication d'origine : décembre 1996
Ecrit par Nao/Gilles

Portrait d'Osamu Tezuka

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Osamu Tezuka laissera à jamais son nom dans l'histoire du manga. C'est en effet lui qui en a défini au fil du temps les évolutions majeures, en créant tour à tour le style des mangas pour garçons, pour filles et pour adultes.
Né le 3 novembre 1926 à Toyonaka (près d'Osaka), il se dédie à des études de médecine, peut-être par envie d'apporter son aide aux autres après avoir vécu les horreurs de la guerre. En 1951, il sera nommé interne à l'hôpital rattaché à l'université d'Osaka. Neuf ans plus tard, il réalise au microscope électronique une étude sur la formation de la membrane des spermatozoïdes des escargots de rivière (!), et obtient ainsi son titre de professeur en médecine. Qui aurait pu imaginer qu'il était au même moment reconnu comme étant le dieu absolu du manga ? C'est que depuis tout jeune, il s'était pris d'admiration pour les courts-métrages de Walt Disney et des Frères Fleisher, et s'était juré de devenir animateur.

Mais les circonstances économiques le tourneront d'abord vers la bande dessinée. C'est ainsi que paraît dès janvier 1946 dans un quotidien pour enfants le premier manga de Tezuka, Le journal de Ma-chan, un yon-koma (série de quatre vignettes publiées quotidiennement) racontant les tribulations d'un petit garçon. Le succès arrive en avril 1947 avec un manga d'aventure en un volume dessiné en collaboration avec le scénariste Shichima Sakai, La nouvelle île au trésor (Shin takarajima). On se l'arrache à 400.000 exemplaires dès les premières semaines ! Il faut dire que Tezuka avait réussi à créer une BD très dynamique empruntant beaucoup à l'art cinématographique. Loin d'être exempte de défauts (la mise en page n'est pas encore très imaginative, mais il ne tardera pas à améliorer ce point crucial), elle ne le lance pas moins en pleine gloire. Dès lors, il ne s'arrêtera plus jamais de dessiner. Pour preuve, il publiera en quarante ans de carrière plus de 500 mangas répartis sur 150.000 pages !

Parmi ses plus grands succès, notons Tetsuwan Atom (Astro le petit robot), Jungle taitei (Le roi Léo), Ribbon no kishi (Prince Saphir) et Black Jack (la plus longue de ses séries), ou encore deux oeuvres très profondes dans leur réflexion, Bouddha et le magnifique Hi no tori (le Phénix). Cette oeuvre malheureusement inachevée est divisée en une douzaine d'époques s'étalant de l'antiquité japonaise à notre futur le plus lointain et raconte la quête de l'immortalité de plusieurs civilisations, toutes à la recherche du sang du phénix. Une sorte de Galaxy Express en puissance, encore plus sombre que l'oeuvre de Leiji Matsumoto. Nombre de ses mangas ont eacute ;té primés par la profession, et notamment Bouddha et Black Jack, dans lequel il a pu mettre toute l'expérience acquise durant ses études de médecine.

Tezuka n'a toujours pas abandonné ses rêves d'enfant. En 1960, il obtient le poste de co-réalisateur aux côtés de Taiji Yabushita, la référence d'alors, sur le film Saiyûki, une production Tôei racontant la légende du Roi des Singes, inspiratrice de Dragon Ball. L'année suivante, il fonde Mushi Pro et met en chantier une adaptation animée, en noir et blanc, de son Tetsuwan Atom. Lancée le 1er janvier 1963 (elle est alors la première véritable série animée hebdomadaire), elle atteindra les plus forts taux d'audience de tous les temps pour un dessin animé, pour ne s'éteindre qu'en 1966 au bout de 193 épisodes. On la considère encore aujourd'hui comme un chef-d'oeuvre de l'animation.

Depuis, Tezuka a joué sur les deux tableaux : dans le monde du manga en continuant à améliorer les techniques qu'il y avait introduites, et dans celui de l'animation en reprenant et améliorant largement le concept d'animation limitée des studios Hanna Barbera. Il sera également un pionnier de l'animation expérimentale reconnu sur le plan international. Son célèbre et très original Jumping, entamé en 1962 et terminé en 1987, remportera un prix très remarqué à Sarajevo, mais ses films primés sont en fait trop nombreux pour être tous cités.

En France, les dessins animés les plus connus auxquels ait participé Tezuka sont bien sûr Astro, Le roi Léo, Prince Saphir, mais aussi ses téléfilms Le prince du soleil (Bandar Book, 1978) et Nucléa 3000 (Fûmoon, 1980), ses films Les vengeurs de l'espace (Hi no tori 2772, Ai no cosmozone, 1980), Mamzelle Tom Pouce (où il était character-designer, 1978), et la très jolie série Magie Bleue (Aoi Blink, 1989), la dernière série qu'il ait réalisé avant sa mort. Il n'aura pas eu le temps d'achever non plus La Bible, une série commandée par les Italiens de la Rai, ni son film le plus personnel probablement, Mori no densetsu (La légende de la forêt). Il s'agit d'un hommage au monde de l'animation et à ses pionniers (de Windsor McCay à Disney), un film muet accompagné d'une symphonie de Tchaikovsky, où l'on découvre un petit écureuil dans son milieu naturel et découvrant l'amour. Véritable hymne à la nature et à l'amour de la vie et de notre planète, ce petit chef-d'oeuvre est un condensé de toutes les idées véhiculées par l'auteur durant sa longue carrière.

Il dit adieu à ce monde qu'il a tant aimé le 9 février 1989. Le Japon lui réservera un immense deuil national, pour le remercier de tous les rêves qu'il lui a fait partager. Aujourd'hui, même si les studios Tezuka, qu'il avait créés quelques années après la faillite de Mushi Pro, ont perdu beaucoup de leur image de marque (on les voit occasionnellement produire des dessins animés, comme Très cher frère, ou faire de la sous-traitance pour de grands dessins animés comme Ghost in the shell), les oeuvres de Tezuka sont toujours adaptées avec autant de succès. Preuve en est l'accueil réservé au superbe Black Jack par le public de l'archipel... A vous de faire de même en vous précipitant sur ses trois mangas édités par Glénat !