Dossiers Cyna > Le petit monde d'Akira Toriyama

A l'aube du vingtième anniversaire de la saga culte Dragon Ball, petit retour sur la carrière de son attachant auteur, Akira Toriyama.

Le mangaka le plus riche de la dernière décennie naît un 5 avril 1955 dans la préfecture d'Aichi (comme le
Le père Akira
grand Shingo Araki, son aîné de quinze ans). Dès son plus jeune âge, Akira Toriyama se passionne pour le graphisme et c'est en tant que tel qu'il sort de l'Institut Industriel d'Aichi en 1977 avec un diplôme sous le bras. La carrière de designer publicitaire s'offre à lui, mais c'est visiblement sans hésitation et avec optimisme qu'il s'immerge directement dans le monde du Manga. Il débute la même année avec Awawa World, présenté à un concours du mensuel Young Jump, une petite histoire mettant en scène des samouraïs préfigurant sa touche burlesque. Dès l'année suivante, il remporte le prix
Wonder Island
Young Jump
pour débutants (connu à présent sous le titre de Hop Step), décerné par la Shûeisha, avec Nazo no Rain Jack (Le mystérieux Jack de la pluie), sorte de parodie de Star Wars qui annonce de nombreux éléments abordés ensuite dans le premier carton de l'auteur, Dr. Slump. Ce rapide succès, qui lui rapport un million de yens de récompense, lui vaut également d'obtenir un certain écho pour ses premiers travaux auprès de la Shûeisha (leader du marché avec ses célèbres magazines de prépublications tels que Shônen Jump, Young Jump...), chez qui il travaillera toute sa carrière. C'est finalement en décembre 1978 dans l'hebdomadaire Shûkan Shônen Jump que sont publiés les premières cases de Wonder Island 1, conte qui met en scène d'étranges évènements se déroulant sur une petite île et sur lesquels enquête un jeune militaire. Wonder Island 2 suivra dans les pages du même magazine.

Tu prendras bien un caca ?

Il entame l'année 1979 avec Honjitsu no Highlight-tô (L'île Highlight d'aujourd'hui), prépublié en mars dans Shônen Jump, qui dépeint les aventures d'un jeune
Tomato Girl Detective
garçon éprouvant une passion quasi-sexuelle pour la nourriture, prénommé Kanta. En juillet 1979 c'est un nouveau récit sans prétention qui voit le jour dans les pages du magazine phare de la Shûeisha : Girl Keiji Tomato (Tomato, femme détective), ou les tribulations d'une charmante détective qui cache un tempérament de feu (peut-être un prototype de Lunch, dans Dragon Ball ?). Les retombées se font encore discrètes. Toriyama poursuit ses efforts créateurs dans Jump avec des oeuvres aussi courtes qu'inventives comme Pola & Roid en mars 1981 (recueil publié en 82), l'histoire - primée par les lecteurs - d'un jeune taximan brave et courageux recevant l'appel de détresse d'une princesse d'une lointaine planète menacée de destruction par la guerilla (tiens tiens, la princesse Leïa n'est pas loin), ou Escape en décembre 1981, une histoire de cache-cache intersidéral et infernal pétrie d'influence issues des comics américains.

C'est finalement en cette année 1981 que le destin de Toriyama bascule réellement : Dr Slump débarque dans
Dr. Slump
Jump ! Les petits Japonais font la connaissance du Docteur Sembé Norimaki et de sa création, la petite fille-robot répondant au doux nom d'Aralé. D'une force colossale et d'une naïveté désarmante, Aralé sera source de grands tourments chez son infortuné créateur. Hilarante et inventive, Dr. Slump établit pour la première fois les bases du monde imaginaire mais néanmoins intrinsèquement cohérent dans lequel Toriyama fera évoluer avec bonheur la majeure partie de ses futurs personnages. A l'occasion de la naissance de ce premier véritable serial, Toriyama fonde son propre studio : Bird Studio (référence évidente au premier kanji du nom de l'auteur et de son premier assistant, Tori, signifiant oiseau), avec M.Torishima, M.Kondo et M.Takeda. Aralé remporte un franc succès et, après 18 volumes édités de 80 à 85, il faudra également compter avec deux séries télévisées fleuves (243 et 71 épisodes) séparées de plus de dix ans et un certain nombre de long-métrages (9 pour être exact !). 55 épisodes de la première série furent diffusés en France.

Le 2 mai 1982, Toriyama trouve le temps d'épouser une jeune mangaka shôjo (qui stoppera sa carrière à cette occasion) en pleine période de publication infernale. Outre les tribulations d'Aralé au village Pingouin, l'auteur à la réputation grandissante complète la liste de ses one-shots, comme Pink en octobre dans Fresh Jump (sympathique comédie romantique adaptée ensuite en OAV en septembre 87), Mad Matic en mars dans Shônen Jump, ou les aventures périlleuses de deux souris et d'un jeune garçon, et enfin Chobit, deux histoires publiées dans Shônen Jump puis dans Fresh Jump, concernant une petite extraterrestre aux pouvoirs magiques qui aide le shérif d'un village à résoudre certains mystères. 1983 verra également naître Kiryû Shônen Sonoichi (plus connu sous le nom Dragon Boy) en juin, ancêtre direct et prototype évident du futur Dragon Ball où un jeune guerrier mi-homme mi-dragon du nom de
Dragon Boy
Tanton vient en aide à une jeune princesse). Ce récit, composé de deux parties, est publié avec un certain succès dans Jump.
Toriyama est réputé pour regarder des films d'un oeil distrait tout en dessinant. En grand passionné de films de Kung-Fu et en particulier de films de Jackie Chan, l'idée d'un manga de Kung-Fu commence à germer dans son esprit. Il en parle à son éditeur qui lui propose de réaliser un manga court dans ce style. Ainsi naît Dragon Boy. Notons aussi Tonpoo Daibôken (Les aventures de Tonpoo) en novembre, présentant l'histoire d'un cyborg itinérant qui, suite à un accident, débarque sur une petite île où il se lie d'amitié avec une jeune fille meurtrie par l'assassinat de ses amis. Ce manga publié dans Shônen Jump préfigure de nombreux éléments développés plus tard dans Dragon Ball (tel que l'usage de capsules).
Rencontre avec le Dragon

Une fois Dr. Slump achevé, c'est en novembre 1984 qu'est prépublié dans Shônen Jump le tout premier chapitre de l'un des monuments de la bande-dessinée japonaise, j'ai nommé Dragon Ball. Le succès est immédiat et retentissant. Mais il faudra attendre deux ans pour voir arriver l'adaptation animée de la première époque, de 86 à 89, forte de 153 épisodes. En 89, alors que le manga continue d'arborer le nom Dragon Ball, l'animé hisse le pavillon Dragon Ball Z de 89 à 96 pour 291 épisodes supplémentaires. N'oublions pas non plus la liste impressionnante de téléfilms spéciaux et de long-métrages !
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Pendant onze ans et 42 volumes, Toriyama fera rêver les jeunes japonais puis la terre entière avec tout d'abord les aventures naïves et drôlatiques du petit Son Gokû, puis avec les combats dantesques et démesurés d'un Son Gokû devenu adulte et père de famille. La deuxième époque de Dragon Ball matérialise l'envie de l'auteur de ménager une cassure nette avec le style "rond", naïf (pour ne pas dire scatologique) et bonhomme de ses oeuvres précédentes, notamment Dr. Slump.
Dragon Ball
Une envie déjà exprimée à la fin de ce manga en 84. Le dessin, progressivement plus anguleux, inaugure une nouvelle ère graphique pour l'auteur qui aura dès lors ses fervents partisans et ses farouches détracteurs.

Entraîné dans le flot étourdissant du succès pendant plus d'une décénnie, Toriyama perdra de plus en plus les rênes de son oeuvre et, pressé par son éditeur et de très juteux contrats, sera contraint de maintenir en vie la poule aux oeufs d'or le plus longtemps possible, quitte à faire n'importe quoi. C'est ainsi que, au bout du rouleau après neuf ans d'efforts, Toriyama envisageait de mettre un terme aux aventures de ses héros à la suite du combat contre Cell. La Shueisha, bien décidé à ne pas lâcher le filon, ne l'entendait pas de cette oreille. Epuisé, Toriyama pose sa plume en mai 95 sur la défaite de Majin Boo et l'ouverture d'une nouvelle époque (10 ans plus tard) pour ses héros. Il conclut de manière subtile et touchante son oeuvre phare, se ménageant une porte de sortie que ne manquera pas d'exploiter la Toei Animation avec le navrant Dragon Ball GT et ses 64 épisodes.

Après des vacances bien méritées durant lesquelles il recharge ses batteries, le père Tori est fermement décidé à ne plus se laisser embrigadé par les vues commerciales de son éditeur et annonce qu'il fera attention à contrôler lui-même la croissance de ses oeuvres, quitte à ne plus faire que des histoires courtes.
Ninjas, extra-terrestres et belles pépées

Il n'est pas difficile de trouver la source du surmenage de Toriyama lorsque l'on examine sa worklist et que l'on découvre le nombre de projets auxquels il a activement participé parallèlement à Dragon Ball. En mai 1986, il achève ses premières créations (character-design et scénario !) pour un jeu vidéo appelé à rentrer dans la légende : Dragon Quest,
Dragon Quest VII
sur console Nes (le deuxième opus, toujours de Toriyama, sortira en février 87). Ce soft, responsable de véritables émeutes dans les boutiques japonaises, sera à l'origine de deux mangas et deux séries télévisées telle que Dai no dai-bôken, mieux connu en France sous le nom de Fly. En novembre de la même année est publié Mister Ho, l'histoire d'un puissant et habile soldat luttant contre les bandits qui terrorisent un petit village.

Lady Red, son unique histoire érotique centrée sur le combat d'une jeune fille sexy luttant contre les force des ténèbres, est publié dans le numéro 10 de Super Jump en avril 1987. Quatre mois plus tard est produite l'adaptation animée des histoires de Kennosuké-sama, le petit samouraï
Kosuke-sama & Rikimaru-sama
avide de combat, publié dans le numéro 38 de Shônen Jump. De janvier à août 1988, Toriyama enchaîne les petits projets parallèles avec Sonchoch (avec un maire pour héro) dans Shônen Jump, Dragon Quest 3 (toujours à la baguette de la création) et Mamejirô-kun (les aventures de Mamejirô Kintoki, un petit garçon de 6 ans doté d'une force herculéenne décidé à devenir méchant suite au refus de son père de lui acheter un esquimau glacé !), publié en août dans le numéro 38 de Jump. N'oublions pas, en septembre 88, le film de 50 minutes Kosuke-sama & Rikimaru-sama, réalisé par Toriyama lui-même, dans lequel deux petit samouraï vont combattre une armée et le dragon de l'île Kompei afin de venir en aide à leur village. Notons aussi la participation du pap de Dragon Ball au design de marionnettes de Théâtre Apple Pop, de 88 à 92.

En février 89, dans le numéro 13 de Jump, paraît Soramaru-kun Nippon hare, le récit d'un petit ninja surdoué qui sur la route de la ville fait la rencontre d'un ninja marginal et d'une bande de criminels stupides. Un an plus tard sort la quatrième opus du jeu Dragon Quest, une franchise au succès de plus en plus colossal que Toriyama avait adapté graphiquement pour la télévision en décembre 89 (Dai no dai-bôken). A l'occasion de la sortie de l'art book Akira Toriyama : The World en 1990, Toriyama y inclu une petite histoire courte, Wolf. De 91 à 92, Chokinsenshi Cashman (les aventures d'un extraterrestre échoué sur terre où il devient policier, et qui se transforme en super héros pour rétablir la situation) paraît dans VJump, le mensuel de
Cashman
prépublication de la Shueisha consacré aux jeux video mais dans lequel paraissent également un certain nombre de mangas, comme Saint Seiya qui, éjecté de Shônen Jump, va y achever sa vie en catimini avec les dernières pages du chapitre Hadès. Elaboré comme un échappatoire à Dragon Ball, ce manga drôle et décalé ne séduit pas vraiment et l'aventure s'achève après trois chapitres seulement. En août 1992, Toriyama planche sur le scénario de Trunks Story, un chapitre indépendant de Dragon Ball consacré aux évènements vécu par le fils de Végéta et Bulma dans le futur. En novembre, il lance Dub et Peter dans V-Jump (Dub, frimeur de son état, demande à son meilleur ami, Peter, de lui construire une voiture de sport pour pouvoir draguer les filles), prenant la relève du défunt Cashman. Le succès est encore une fois relatif et l'histoire perdure l'espace de 4 chapitres.

Après le design réalisé pour trois nouveaux jeux de Dragon Quest en 93 (Dragon Quest Characters Tourneco no Daibôken), Toriyama ressent de plus en plus le besoin d'un retour au source et, en février, inaugure de nouvelles aventures de Dr. Slump, réalisées sur celluloïds pour une édition luxueuse.
Go! Go! Ackman
Les fans de la première heure répondent présent, le succès est de taille, mais l'envie du créateur n'est pas très évidente. Son besoin de faire le point sur sa carrière trouve un écho dans un projet ambitieux né en mars 93, une exposition itinérante intitulée The World of Akira Toriyama, couvrant l'entièreté de la carrière de l'auteur. Sans doute revigoré, Toriyama donne naissance à un nouveau succès en juillet 93 dans V-Jump : Go ! Go ! Ackman, ou les aventures d'un petit vampire de 200 ans qui est réveillé par ses parents après un sommeil d'une cinquantaine d'années afin de partir à la chasse aux âmes. Hilarantes, les petites histoires font mouche, si bien qu'Ackman est rapidement adapté en jeu video puis en un OAV (diffusé à la V-Anime Fair).
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Toriyama et son studio se consacrent ensuite à achever Dragon Ball en mai 1995 d'une manière satisfaisante malgré la lassitude ambiante de plus en plus manifeste. Vidé, il prend donc un peu de repos. Mais pas trop non plus puisqu'il s'occupe la même année des designs du superbe jeu Chrono Trigger. Pendant ce temps, la Shueisha, désespérée par l'arrêt de la série culte de toute une génération (Dragon Ball représentait surtout une franchise commerciale colossale juteuse et son arrêt créa la panique chez l'éditeur, qui vit ses chiffres de vente dégringoler pendant plusieurs années consécutives !) tente de continuer à surfer sur la vague de popularité en publiant une série de one-shots de l'auteur prépubliés de 82 à 83 dans Jump, (Hetappi Manga Kenkyûjo, L'apprenti mangaka en France) sur l'art de dessiner du manga, que Toriyama réalisait avec Akira Sakuma . En 96, il travaille sur le design d'un jeu de combat pour Playstation,
Alien X Peke
qui sortira en juin de la même année, Tobal. Un deuxième volet de Tobal verra le jour sur la même console en avril 1997. Toujours en 96, Il élaborait le character-design du jeu Kûsôkagaku Sekai Gulliver Boy.
C'est quand la retraite ?

Dans le numéro double 37/38 de Jump de la même année, Toriyama publie les premières planches de Uchû-jin Pékè
Bubul
(Pékè l'extraterrestre), ou les péripéties désopilantes d'un alien envoyé sur terre par son peuple afin d'observer les comportements humains et décider s'il est possible de conquérir leur planète. En décembre, l'auteur publie Tokimecha, un récit en trois parties, où une petite fille (Tai) invente une machine à remonter dans le temps et se retrouve dans la préhistoire, est dans la veine de Dragon Ball, exploitant l'humour décalé naissant de rencontres insolites.

De 97 à 2000, le Bird Studio poursuit ses projets à courts termes comme Majin mura no Bubul (Bubul, un jeune monstre vivant dans un univers parallèle peuplé de créatures étranges, fait une rencontre étonnante avec un jeune voleur terrien arrivé par une porte interdimensionnelle), publié dans le Shônen Jump 22/23 d'avril, Cowa! où la constitution - dans un monde imaginaire où diverses espèces vivent en harmonie - d'une sorte de "communauté de l'anneau" par Paifu un petit vampire, José un petit fantôme et un humain, l'ancien sumo Murayama, lancés à la recherche d'un remède pour contrer une maladie infectieuse qui décime les démons. Edité en recueil en mai 98, l'histoire aurait mérité plus d'un volume. N'oublions pas le méconnu Haigyo no mahimahi et Kajika, un manga
Kajika
d'action et d'aventures, tous deux prépublié dans Jump. Kajika est un garçon qui, étant enfant, tua un renard avec un rocher. Ivre de vengeance, l'âme du renard resta hanter Kajika et le changea en homme-renard. Pour retrouver son corps humain et réparer sa faute, Kajika devra parcourir le monde et sauver la vie de mille animaux. Frais et énergique, les fans de l'auteur retrouve les éléments constitutifs de son univers. Mais le succès continue d'être limité. Toriyama s'acharne pour finir l'année à donner vie aux personnes des deux jeux Dragon Quest Monsters. 1999 voit la naissance de plusieurs projets, dont l'inconnu Yo Tom mais surtout Neko Majin gairu et Neko Majin gairu 2 dans Shônen Jump. Ces deux mangas auront une suite notamment en 2001 dans une histoire mensuelle initulée Neko Majin Z. Cette mini-saga féline est un véritable manifeste à destination des fans du monde entier
Neko Majin Z
qui ne cessent de lui réclamer une suite de Dragon Ball (qui n'a pas saisi la référence ?). L'auteur tourne en ridicule certaines scènes cultes de son manga phare. Le héros, un chat étrange habillé comme Son Gokû, est un symbole à lui tout seul : Toriyama en a terminé avec les grandes histoires de combat.

En février 2000, Toriyama lance un nouveau projet dans Shônen Jump intitulé Sand Land, mettant en scène des démons cotoyant des humains dans un monde imaginaire aride et étouffant (un immense désert, en fin de compte) dirigé de main de fer par un despote contrôlant l'unique source en eau. Le jeune démon Beelzébub, fils de Satan, fait la connaissance d'un humain, Rao, qui vient demander de l'aide aux démons afin de partir à la recherche d'une source d'eau potable. Le vieux démon Sheef se joint au nombre des volontaires. Ce trio devra affronter les armées du Roi et les étendues désertiques. Moins axé sur l'action et les combats, on retrouve néanmoins l'humour légendaire de l'auteur ainsi que son graphisme soigné et original. L'aventure est plaisante, le temps d'un sympathique volume édité en novembre.

Tenshi no Toccio
Le 24 janvier 2003 est édité Tenshi no Toccio, un manga pour les plus petits en un recueil luxueux de 48 pages couleurs consacré aux aventures d'un ange peu commun, gardien des animaux. Dernièrement, dans le domaine des jeux video, on a pu voir sa patte sur le character-design de Slime Morimori Dragon Quest : Shôgeki no Shippo Dan pour Game Boy Advance, réalisé avec l'équipe habituelle des Dragon Quest, à savoir Kôichi Sugiyama et Yuji Horii. Mais 2003 signe surtout le retour du chat délirant de Neko Majin (nouvelle coqueluche du Bird Studio ?), avec Neko Majin mike de manière hebdomaire et Neko Majin Z 2 mensuellement. Miaou !!
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Je dessine mais je me soigne !

Toriyama s'est rapidement distingué par son style très cartoon, propre au genre "gagesque" auquel il semblait se destiner à ses débuts. Pourtant, son coup de crayon n'a cessé d'évoluer au fil des années jusqu'à devenir très anguleux à partir de la deuxième époque de Dragon Ball. Pour répondre à certaines interrogations, l'auteur a souvent déclaré qu'il était toujours capable de dessiner comme à l'époque de Dr Slump, mais qu'il avait simplement envie de changer, parce qu'il détestait toujours faire la même chose.

Fervent amateur de modélisme, Toriyama est également un passionné de belles mécaniques. Tout au long de sa carrière, il n'aura de cesse de créer de nouvelles machines plus insolites les unes que les autres. Il le fait d'une façon particulière, cependant, puisqu'il les dessine de manière "déformée", non pas pour faire plus mignon, mais parce que ça lui fait gagner un temps fou. En effet, quand il dessine un véhicule "réaliste", la moindre erreur ferait que le dessin est râté. Par contre, sur un dessin déformé on ne remarque pas les petites erreurs de proportions. D'un autre côté, comme les héros de ses manga sont eux-mêmes plus petits que de vrais humains, il aurait semblé bizarre que le monde entier ne soit pas déformé... Passionné mais pas spécialiste en matière de dessins de véhicules, il s'aide de documents pour les réaliser, ainsi que de maquettes (notamment de voitures), pour pouvoir les dessiner sous tous les angles. Il dessine également beaucoup de véhicules n'existant pas dans la réalité, parce que ça l'amuse beaucoup de les créer.
Autoportrait
Il détermine d'abord la façon dont on monte dessus, puis l'endroit où se trouve le moteur... Et ensuite, plus de problèmes de documentation, il "voit" le véhicule sous toutes ses coutures rien qu'en y pensant.

J'ai déjà évoqué dans cet article l'habitude qu'a Toriyama de regarder des films à la télé ou en video tout en dessinant. Son regard se tourne vers la télévision quand il a l'air de se passer quelque chose d'intéressant, et le reste du temps il "écoute", donc bien sûr il préfère visionner des films doublés... Cette anecdote n'est pas anodine puisqu'elle est en partie à l'origine de la naissance de Dragon Ball. C'est en regardant des films de Jackie Chan que Toriyama a eu l'idée de son premier manga abordant les arts martiaux, Dragon Boy. Il s'est inspiré des films de Jackie Chan pour le rythme des combats. Quant à la représentation des combats eux-mêmes, venant à l'origine du monde de l'illustration et non du manga, il devait piocher des éléments dans les films et les autres manga pour y parvenir.

Quand il crée un nouveau personnage, Toriyama pense d'abord à la situation dans laquelle il pourrait le mettre, ainsi qu'au caractère qu'il pourrait lui donner, et seulement après il crée son aspect graphique. A ce propos, l'auteur nous révèle qu'il aime beaucoup la couleur du costume de Gokû. Il précise qu'il l'a utilisée en hommage à la Chine, puisque c'est la couleur qu'on retrouve sur les vêtements des jeunes Chinois qui s'entraînent au combat. Pour mettre ses dessins en couleurs, il utilise de l'encre de couleur. C'est une dessinatrice de manga pour filles qui lui a appris à maîtriser ce type de peinture. Avant cela il utilisait de la peinture à l'eau. Comme vous avez dû déjà le remarquer, il n'utilise que très rarement les trames. En fait, il nous avoue que ce n'est pas parce qu'il n'aime pas ce "complément" qui donne un air de fini aux dessins bâclés, mais bel et bien parce que ça lui complique la vie ! Oui, bon, on l'aura compris, il aime bien finir ses planches au plus vite.

Nul doute que cet auteur essentiel de l'univers manga - mais néanmoins très décrié par un certain public - sera toujours à l'origine de nouvelles histoires plus captivantes et originales.


Le dernier paragraphe de cet article est tiré d'une interview de l'auteur réalisée le 21 avril 95 et traduite à l'époque par Naoki de l'artbook Dragon Ball Complete Illustrations (traduit depuis en français par Glénat sous le titre Le Grand Livre de Dragon Ball).


[ http://dossiers.cyna.fr/685.html ]