Dossiers Cyna > Le Château de Cagliostro

Entre Lupin et Miyazaki, c'est une sacrée histoire d'amour. Une histoire qui se terminera (presque) sur un feu d'artifice symbolisé par Le château de Cagliostro, édité en VHS chez Manga Vidéo en été 1996.

Tout commence fin 1971. Hayao Miyazaki, jeune réalisateur de talent, débarque au septième épisode sur la première série de la mythique saga Lupin the 3rd, où il réalisera en compagnie de son ami Isao Takata la bagatelle de 16 épisodes. Expérience qu'il renouvellera sur deux épisodes mythiques à la fin de la deuxième série, en 1980. Par contre, il ne participera pas à la troisième (celle sur laquelle travailla Shingo Araki), datée de 1984... En dehors de ces trois séries, on compte de nombreux téléfilms et films de cinéma, dont le plus formidable est de très loin La château de Cagliostro.

Réalisé en à peine six mois, ce film-marathon tire son inspiration de deux éléments : un roman de Maurice Leblanc (le père d'Arsène Lupin) intitulé La comtesse de Cagliostro et se déroulant dans la jeunesse du héros, et le film La bergère et le ramoneur de Paul Grimault (ironiquement complété et sorti sous le nom Le Roi et l'Oiseau quelques mois après Le Château de Cagliostro), qui a profondément influencé Miyazaki pour la création du château en lui-même. Ce fut l'occasion pour Hayao Miyazaki, dont c'était le premier véritable long-métrage, de montrer à la TMS l'ampleur de son talent, tant sur la plan de la narration (le scénario est de lui), que de l'animation ou de la mise en scène.

On trouve dans Cagliostro tous les rebondissements, toutes les acrobaties et toute la folie douce qui ont fait le succès de Conan le fils du futur en 1978. Ajoutez en prime une jolie petite histoire d'amour: Lupin découvre un petit pays aux environs de l'Italie, dont le souverain cherche absolument à épouser la jeune et jolie Clarisse, portrait craché de la future et charismatique Nausicaä. Pour ce faire, il va invoquer une soi-disant légende qui obligerait leurs deux familles à s'unir, l'Ombre et la Lumière à ne faire plus qu'un... Ajoutez à cela la recherche d'un trésor fabuleux qui ne pourra apparaître que lorsque Cagliostro aura réalisé cette union... Un trésor qui n'est pas vraiment celui qu'il croit ! Opposé à très forte partie, Lupin devra, pour une fois, faire preuve de beaucoup de courage et de patience pour venir à bout du Comte de Cagliostro et sauver Clarisse, nous prouvant par là-même que le seul véritable trésor, c'est la confiance. C'est d'ailleurs bien la première fois qu'il ne s'en sort pas par une pirouette mais par une véritable démonstration de son talent !

Graphiquement, le designer Yasuo Otsuka a légèrement "humanisé" Lupin par rapport à la caricature élaborée par Monkey Punch dans les années 60. Son style est désormais très proche de celui de Miyazaki. N'oublions pas les décors, absolument magnifiques, originaux, hauts en couleurs, démontrant pleinement le talent de Shichirô Kobayashi (Rémi, Creamy, L'oeuf de l'ange...) et Nizô Yamamoto (Laputa, Le tombeau des lucioles...). L'un des plus beaux moments esthétiques du film: une scène où Lupin, l'air déprimé (amoureux ?), marche au bord d'un lac et se rend auprès d'un kiosque quasiment en ruines... Elle contraste admirablement avec la débauche d'énergie du reste du film. Miyazaki sait doser à la perfection ses mélanges, afin d'obtenir l'équilibre parfait. C'est peut-être bien ce qui fait de ce film l'un des meilleurs longs-métrages d'action/aventure réalisés à ce jour. D'ailleurs, le public japonais ne s'y trompe pas: cette année encore, il terminait 7ème à l'Anime Grand Prix japonais, devant Sailor Moon et V-Gundam.

Déjà sorti voici une dizaine d'années dans une excellente version française, Le château de Cagliostro était malheureusement privé de toutes les scènes où apparaissait Goemon, le moine qui accompagne Lupin dans ses aventures. Une censure délibérée et inexplicable (racisme, peut-être ?) de la part des adaptateurs anglophones. En prime, la fin avait été "adoucie" en coupant les dernières minutes qui auraient déçu nos chères têtes blondes... Alors profitez donc pleinement de ce nouveau doublage, que Manga Video nous a promis en version intégrale...


Article écrit à l'origine pour le magazine Yoko, son second paragraphe a été augmenté à l'occasion de son transfert sur Cyna.


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