Le premier coffret Eternal Edition proposait les musiques enregistrées les 16 et 17 septembre 1986 par l'Andromeda Harmonic Orchestra. Nous sommes désormais le 25 mai 1987, Saint Seiya arrive à son 31ème épisode et remporte un grand succès depuis plusieurs mois sur les ondes. L'ordre des choses est bouleversé, la Tôei a décidé de tirer un film de la série, qui sera intégré dans son festival de moyens-métrage d'animation, le Tôei Manga Matsuri (futur et déjà défunt Tôei Anime Fair). 45 minutes à décorer intégralement de musiques inédites. Seiji Yokoyama y apporte le plus grand soin. Elles sont toutes enregistrées en deux jours, en même temps que de nouvelles musiques tout aussi marquantes destinées à la grande bataille du Sanctuaire.
Connu en France sous le nom de "La Légende de la Pomme d'or", le film sortit le 18 juillet au Japon. Un véritable pari. Composées en pleine période de diffusion des épisodes du Sanctuaire - le film est sorti quelques semaines avant le début de la grande bataille, les musiques utilisent le même schéma que les compositions propres à cette période, à savoir un mélange habile de tempo d'action et de musiques plus douces, souvent très émouvantes. Pour la première fois dans Saint Seiya, Yokoyama fait appel à un choeur de barytons habilement mixé. La guitare électrique tient ici le premier rôle, avec un son aiguisé comme un poignard, symbolisant la menace d'Eris.
Ces musiques deviendront les fondations de la qualité musicale sans cesse renouvelée de la série, et seront souvent réutilisées avec beaucoup de bonheur dans les épisodes. L'art de Kazuko Kawashima, qui s'engouffre dans la voie tracée dans le premier coffret par Le sacrifice ou encore Mother Complex, est magnifié comme jamais. Ses mélopées et les airs de Yokoyama demeureront désormais à jamais accrochées aux colonnes des douzes temples du zodiaque. C'est l'ère de l'Emotion, et des épisodes les plus mythiques de la série.
Le premier combat entre Camus et Hyôga sera l'occasion pour beaucoup de découvrir le thème En plein rêve (Yume no naka ni) du premier film, qu'on entendra de nouveau dans les scènes les plus traumatisantes du Sanctuaire, telles que les morts de Cassios ou Shiryû, ou encore la fameuse scène de l'épisode 57 où Shaka prive Ikki de ses cinq sens. Le film sera aussi l'occasion d'inspirer, par l'intermédiaire d'Orpheus, le personnage de Mime dans Asgard, avec notamment sa mélodie Requiem pour cordes (Stringer Requiem).
Parmi les morceaux spécialement composés pour la bataille du Sanctuaire, on se souviendra particulièrement de Mourir pour une juste cause, utilisée également dans la scène culte de la mort de Shiryû face à Shura. Triste mélodie rappelle immédiatement, plus loin dans la série, la scène d'une beauté surréaliste où Seiya, confronté à Limnades, croit retrouver sa soeur. La fatalité, qui lui fait suite, illustre à merveille la fin des deux confrontations de Camus et Hyôga... "Adieu, noble chevalier du cygne !" "Tu croyais à la justice de ta cause, chevalier..." Que de larmes versées en entendant ce chant désespéré...
On ne pourra pas passer à côté du Thème d'Ikki, qui donne aux violons tout l'espace pour exprimer leur émotion, et restera comme la musique illustrant la déchirante scène d'Asgard où Mime découvre la vérité sur son passé. Les liens de la souffrance, eux, rappelleront les sacrifices faits par Ikki pour protéger Seiya contre Saga. C'est quand ce dernier se suicide qu'on réalise l'amertume de la disparition trop subite de personnes pleine d'amour qui n'ont jamais pu l'exprimer. C'est son plus beau point commun avec Cassios, dont la mort est également accompagnée du même requiem...
Ces articles ont été écrits à quatre mains et publiés dans les livrets des Eternal Edition de Loga-Rythme (coffret n°2).