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Le 18 avril 2004 à 22h54

Le Chambara

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Le ken-geki, film de sabre japonais et genre très populaire au Japon, a connu divers hauts et bas au cours de son histoire. Rebaptisé chambara, (contraction des onomatopées chan-chan bara-bara, bruit supposé d'un sabre tranchant la chair), le genre regroupe une grande variété de films, dont certains font partie des chefs-d'?uvre du 7ème Art.



Les samurais

Caste des nobles au Japon durant de nombreux siècles, les samurais sont des guerriers maniant le katana avec agilité et adresse. Leurs techniques d'escrime ont alimenté de nombreux fantasmes et nourri
Les 7 samuraïs
l'imaginaire collectif sous de nombreux aspects : le samurai fidèle à son maître, respectant à la lettre le code du bushido, le ronin sans attaches, craint et conspué mais noble d'âme et même parfois moines bouddhistes se battant à mains nues ou avec diverses armes non-nobles (bâton, kama, etc.). De célèbres samurais devinrent pratiquement des légendes et leurs exploits firent l'objet de divers contes, romans ou autre. Musashi Miyamoto en est l'exemple le plus frappant, La Pierre et le Sabre de Eiji Yoshikawa étant une oeuvre lue dans le monde entier. Citons également Le Passage du Grand Bouddha (Dai-bosatsu tôge) de Nakazato Kaizan, narrant les aventures d'un ronin belliqueux, qui finit par sombrer dans la folie (adapté au cinéma en 66 par Kihachi Okamoto, avec entre autres le grand Toshirô Mifune). Avant l'invention du cinéma, les exploits de ces samurais étaient souvent adaptés en pièces de théâtre, comme celles de Shojiro Sawada, qui savait mettre en scène de façon inventive les affrontements au sabre.


Naissance du Chambara

Yojimbo
Le cinéma japonais, dès sa naissance, mettra en scène de nombreux films sur les samurais. Ceux-ci, plus axés sur la politique ou les sentiments, donneront naissance au genre cousin du ken-geki : le jidai-geki ou film d'époque en costume. Dès les années 20, de nombreux films mirent en scènes des combats de sabre entre samurai. La plupart du temps, il s'agissait d'un duel final (dai-ketto), un affrontement cathartique permettant aux protagonistes d'allers jusqu'au bout de leur système de valeur. Le premier à dynamiser le genre fut Bansho Kanamori. S'inspirant du cinéma d'Hollywood et des pièces de Shojiro Sawada, il utilisa de nombreuses techniques cinématographiques (montage, cadrage) afin de rendre les combats plus intenses, dynamiques et violents. A l'époque, les critiques le démolirent, ne voyant aucun avenir pour ce genre de cinéma? L'oeuvre de Yoshikawa sur Musashi fut portée au cinéma pour la première fois par Hiroshi Inagaki, en 1940. Les aventures de Musashi seront maintes et maintes fois adaptées par la suite, de très nombreux acteurs (dont Toshirô Mifune, l'acteur fétiche de Kurosawa) incarnant l'emblématique ronin. Dès la fin de la Seconde Guerre Mondiale, les Américains contrôlent le Japon et interdisent la production de Chambara, genre jugé apte à ressusciter le nationalisme fanatique du pays.


Akira Kurosawa

C'est en 1954 que le Chambara fait son grand retour avec un des plus grands films de l'histoire du cinéma : Les Sept Samurais (Shichinin no Samurai) de Akira Kurosawa remet au goût du jour les aventures des ronin, ces chevaliers au grand coeur, qui doivent ici défendre un village contre une bande de brigands. La seconde partie du film est une ode au genre, multipliant affrontements et batailles avec une maestria inégalée. Un grand acteur, Toshirô Mifune, y sera révélé. Akira Kurosawa a ouvert la porte, et celle-ci n'est pas prête de se fermer. On entre dans un âge d'or qui durera, avec quelques hauts et bas, jusqu'aux années 80. En 1954, Hiroshi Inagaki entame une sublime trilogie sur la vie de Musashi [1],
La forteresse cachée
avec dans le rôle titre Toshirô Mifune. Le premier volet de cette trilogie obtint d'ailleurs l'Oscar du meilleur film étranger.

Kurosawa continue d'oeuvrer dans le genre, alternant jidai-geki et Chambara comme La Forteresse Cachée (Kakushi toride no san akunin) en 1960, Yojimbo (1961) et Tsubaki Sanjûrô (1962). Le Passage du Grand Bouddha et La Pierre et le Sabre feront l'objet de multiples adaptations, de qualité très diverse. Une série de films emblématique voit le jour avec les aventures de Zatoichi, le masseur aveugle et maître de sabre. Près de 24 films sur le personnage furent tournés, avec même un cross-over avec le héros chinois du sabreur manchot et un autre avec le héros du Yojimbo de Kurosawa ! Dernièrement, c'est le réalisateur Takeshi Kitano qui s'est à son tour intéressé au masseur aveugle, en réalisant et interprétant le dernier film en date consacré à Zatoichi. Puis en 1970, malgré une perte de vitesse du genre, le Chambara nous offrira encore un dernier baroud d'honneur avec la mythique série des Baby Cart, tirée d'un manga de Kazuo Koike et Gozki Kojima. Violents, sombres, ces films sont comme le testament d'un genre qui offrit au public japonais quelques-uns de ses meilleurs films.
On constatera que le Chambara influença durablement le cinéma occidental. Le génial Sergio Leone, grand admirateur de Kurosawa, ne nia jamais s'être fortement inspiré du maître japonais [2] ainsi que de la saga des Baby Cart, tandis Georges Lucas alla jusqu'à produire les derniers films du réalisateur des Sept Samurais.

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Cet article est de Romain d'Huissier, cynéen passionné et grand connaisseur de cinéma asiatique. Je (Arion) me suis contenté de rectifier deux ou trois dates, de compléter les titres originaux et d'ajouter quelques commentaires personnels. Bonne lecture. ;-)
[1] Miyamoto Musashi (54), Zoku Miyamoto Musashi: Ichijôji no kettô (55) et Miyamoto Musashi kanketsuhen: kettô Ganryûjima (56).

[2] Surtout dans Pour une poignée de dollar (64), remake/hommage au Yojimbo de Kurosawa.

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