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Le 2 avril 2004 à 15h01
Ecrit par Nao/Gilles et Arion

La Passion du Christ

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« C'est pas moi c'est lui ! »

Beaucoup évoquèrent également le cas des Romains, présentés sous un jour plus avantageux, paraît-il, que les Juifs. Encore une légende à mon sens destinée à entretenir la polémique. Le supplice infligé à Jésus par les légionnaires, leur plaisir bestial a le fouetter, les insultes, les moqueries, les crachats, les rires sadiques et les tortures nous donnent au contraire une image peu flatteuse des grands civilisateurs de l'Occident ! D'autres parlent aussi du personnage de Ponce Pilate, dépeint selon eux de manière trop... sympathique. Dans le film, Pilate est un procurateur qui ne comprend pas l'obstination des Pharisiens à vouloir tuer Jésus et qui, partagé entre son incompréhension et sa crainte de César - qui s'apprête à le punir en cas de nouvelles émeutes en Palestine - , décide finalement d'accéder à leurs désirs, tout en prenant soin de s'en "laver les mains" au préalable. Pilate ne m'a jamais semblé être autre chose qu'un exécutant pris dans la tourmente de la violence. Devait-il être dépeint de manière plus sauvage pour décharger les Pharisiens de leur fardeau ? Dans La Dernière Tentation du Christ,
Dans les deux films, un homme face au doute
Pilate ne dispose que d'une seule scène, mais quelle scène...! Pilate/Bowie n'y est qu'un exécutant romain "intrigué" par cet homme qui se prétend capable de miracles, et qui s'engage dans une discussion politico-ésotérique avec lui... Dans La Passion, il n'est pas non plus présenté comme un tyran, et semble plutôt avoir l'impression que Jésus lui-même a accepté son propre destin. La sauvagerie des légionnaires romains suffit à démontrer qu'il n'est absolument pas question de faire d'eux des personnages compatissants agissant à contre-coeur. Ce sont les Romains qui, concrètement, torturent et crucifient le Christ tout en y prenant plaisir. Le film est-il anti-romain pour autant ? Non. Le film s'attarde à mettre en lumière la cruauté, les faiblesses humaines, et ne sert qu'un seul et unique propos : c'est l'Humanité qui a crucifié Jésus de Nazareth. Il n'est pas uniquement question de Juifs ou de Romains. L'époque, le lieu et les circonstances l'ont voulu ainsi. Mais le Christ est mort par l'Homme et... pour l'Homme. Ainsi, dans la scène de crucifixion, ce sont les mains de Mel Gibson que nous voyons tenir le marteau et perforer les mains de Jésus. Il s'en explique : "C'est moi qui ai crucifié le Christ, c'est moi qui l'ait mis en croix par mes péchés".


« Sieg Gibson ! »

Traîné dans l'oprobre par une partie de la presse et les organisations juives qui craignent une nouvelle poussée d'antisémitisme, Gibson se défend farouchement : "Être antisémite est contraire aux fondements de ma Foi !". Il est évident que Mel Gibson aura beaucoup souffert des propos tenus par son père, antisémite et négationniste notoire. Mais Mel Gibson doit-il porter le fardeau des horreurs proférées par son géniteur ? Il ne s'est jamais prononcé en faveur des idées horribles son père, mais ne les a jamais explicitement mis en cause non plus. D'où cette assimilation d'idées un peu facile. Peut-on reprocher à Gibson de ne pas vouloir livrer son père en pâture sur la place publique en le pointant du doigt ? Difficile à dire. Il est indéniable, par contre, que le caractère extrémiste notoire - qui ne fait aucun doute ! - ne joue pas en faveur du réalisateur/acteur. Dans cette optique, le pas est rapidement franchis. Il devient plus facile d'estimer que le long-métrage porte la marque nauséabonde de l'idéologie de son géniteur, que certains plans s'attardent trop sur les nez crochus des Juifs ou que le film flatte les chrétiens dans le sens du poil dans un contexte post-11 septembre prônant un retour aux "anciennes valeurs", à une recherche identitaire qui trouve un écho dans des propos pré-Concile Vatican II (puisqu'un Concile III est à l'étude, encore plus libéral, s'éloignant donc encore plus des "racines"). Les créateurs de South Park s'en sont donné à coeur joie en diffusant un épisode intitulé La Passion des Juifs, où Cartman crée un fan club de Mel Gibson inspiré du troisième Reich.
On y pose la question du pardon des Juifs, plutôt intéressante, mais le propos est complètement occulté par une représentation un peu trop crétine (même pour cette série) du réalisateur. Représenté au départ comme un amateur de sado-maso (au vu de ses trois films, on peut comprendre le gag), très près de son argent ("Je n'ai pas fait ce film pour gagner de l'argent, c'est bon pour mon âme" - que va-t-il faire de ses 100 millions de dollars gagnés personnellement sur le projet, alors ?), on tombe rapidement dans le délire d'un psychopathe qui termine en retirant son slip et en faisant la grosse commission sur Cartman. Dommage, le débat aurait pu être intéressant mais il a été désamorcé. Toujours est-il que l'épisode a quelques scènes hilarantes au début, quand les enfants vont voir le film et qu'on n'y entend que hurlements (la caméra fixe les spectateurs et on ne voit pas l'écran). Ils n'ont pas tort ! ;-)

Quoiqu'il en soit, rapidement, de nombreux membres du staff et du casting sont venus en aide au réalisateur. Comme le producteur du film, Stephen McEveety, ami de longue date de Gibson et membre d'Icon Productions, descendant de juifs victimes de la Shoah. Ou encore Maia Morgenstern, actrice roumaine de confession juive incarnant Marie, descendante de rescapés des camps de la mort. Pour eux, cataloguer The Passion en tant qu'oeuvre antisémite est d'une profonde injustice. D'autres personnalités, comme Kevin Costner, apporteront ensuite leur soutien au réalisateur dans la tourmente.

Plus récemment ; une étude conduite par l'Institut de Recherche pour la Communauté Juive, a conclu que moins de 2 % des spectateurs ayant assisté à The Passion of the Christ tiennent les Juifs pour responsable de la crucifixion. Et contrairement à ce que laissent entendre les rumeurs, toujours d'après le même Institut, les discussions sur le film semblent avoir un effet positif sur la question. A Paris, un tribunal a récemment refusé d'interdire la distribution de The Passion sur le sol français comme le réclamaient trois frères juifs, proclamant que "Le film en question, adaptation très réaliste des dernières heures de la vie du Christ, ne pouvait être considéré comme une incitation à la haine et à la violence contre les Juifs ou comme un affront envers leur dignité et leur sécurité."

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Un grand merci à Valentine ! :-)
Quelques précisions de la part de Naoki...
- La quasi-totalité de l'article a été écrite par Arion (quel courage !)
- L'écriture s'est ensuite faite à quatre mains. Je me suis principalement occupé d'ajouter quelques paragraphes sur les langues mortes, La vie de Brian, South Park et mon film préféré, La dernière tentation du Christ. Au début nous devions d'ailleurs faire un article opposant la Passion et la Tentation, mais je n'ai pu participer par manque de temps. Je vous invite tout de même à aller lire ma critique sur Cyber Namida, écrite il y a déjà six ans.
- Tous les "Je" sont d'Arion. J'adore l'aspect artistique du film, mais j'ai quelques difficultés avec le fond, notamment la question de l'antisémitisme. Même si dans l'ensemble je suis d'accord avec les propos d'Arion, je me suis senti obligé de délirer sur les illustrations et quelques mauvais jeux de mots pour détendre l'atmosphère ;-)

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