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Désormais soigneusement rangée au panthéon des plus belles séries animées jamais produites par le Japon, Cowboy Bebop n'était pourtant au départ qu'un animé au succès pour le moins inattendu qui faillit bien ne jamais voir le jour. Retour sur une des plus belles séries animées japonaises et l'une des préférées de votre serviteur !

Un projet secondaire

Spike : la quète de soi
C'est Wowow, chaîne satellite japonaise de pay-per-view, qui commande Cowboy Bebop au studio Sunrise et à son partenaire financier principal, Bandaï Visual. La série futuriste faisait partie d'une commande de deux séries, l'autre étant le projet phare : Brain Powerd, réalisé par Yoshiyuki Tomino (réalisateur culte de la saga Gundam, mais aussi d'Ideon). Tout était fait, en effet, pour que cette dernière soit un succès : campagne promotionnelle importante et un staff technique prometteur pour une oeuvre que l'on annonçait comme révolutionnaire. Cowboy Bebop ne bénéficie pas des mêmes égards. L'équipe technique est certes moins prestigieuse, mais pleine d'expérience. Création originale du collectif d'écrivains de la Sunrise, Hajime Yatate (Gundam, Yoroiden Samurai Troopers, Escaflowne, Witch Hunter Robin, Argento Soma), réalisée par Shinichirô Watanabe (Gundam 0083, Macross Plus), dessinée par Toshihiro Kawamoto (Gundam 0083, Golden Boy) et mise en musique par Yoko Kanno (Escaflowne), la série avait suffisemment d'atouts pour ne pas rester sur la touche. De plus, face à l'accaparement médiatique de Brain Powerd, l'équipe de Cowboy Bebop pouvait laisser libre cours à son imagination artistique. Malheureusement, alors que la production est déjà bien entamée, Wowow revoit son budget à la baisse et modifie son contrat avec la Sunrise. Brain Powerd reste le projet principal, et c'est en toute logique que Cowboy Bebop est sacrifié sur l'autel du mercantilisme. La série ne doit son salut qu'à l'intervention de la chaîne publique TV Tôkyô, qui rachète 13 épisodes (sur les 26 originellement prévus avec Wowow). Dès la diffusion du premier épisode, le 3 avril 1998, la série trouve son public et révèle ses innombrables qualités. Wowow, qui n'arrive pas à faire décoller l'audience de Brain Powerd, revoit son jugement sur les aventuriers du Bebop et signe un contrat de 26 épisodes avec la Sunrise, à diffuser dès le 23 octobre 98. Le succès est retentissant et l'absence originelle de campagne de merchandising est rapidement comblée. La série se décline sur tous les supports imaginables (VHS, LD, DVD), les art books sont légions et deux mangas sont même lancés dans la foulée. Alors que plus personne, ou presque, ne se souvient de Brain Powerd, Cowboy Bebop cartonne tellement que la production annonce, en 99, le projet d'un long-métrage (Knockin' on heaven's door Tengoku no tobira, mis en chantier une fois la production du film d'Escaflowne achevée), suprême consécration pour une série au Japon. Une certaine ironie du sort qui n'est pas sans caractériser la trame de la série elle-même !
Dans une galaxie lointaine, très lointaine...

Jet : blessures au coeur
En l'an 2071, l'humanité s'est étendue à travers le Système Solaire. L'humanité n'est pas encore parvenue à atteindre les étoiles, la technologie nécessaire n'existant pas encore, à l'image de la volonté des hommes. Les voyages spatiaux sont rendus possibles par un réseau : la Gate, dite à "phases différenciées". En 2022, en plein développement de la Gate, un accident provoque une terrible catastrophe en orbite terrestre, endommageant sévèrement à la fois la terre et la lune. La surface des deux astres fut fortement irradiée, et les humains durent les évacuer. Faisant usage de la même Gate pourtant à l'origine du désastre, les Hommes se lancent sur les routes spatiales à destination de planètes et lunes du système solaire. Les gouvernements et les groupes ethniques finissent bientôt par être oubliés, remplacés par de nouvelles communautés. Alors que l'économie se redresse peu à peu, l'écart sans cesse croissant entre riches et pauvres provoque un boom des activités criminelles, une période plus tard surnommée les "Vingt hurlantes". Une époque qui vit l'ascension de nombreux syndicats du crime, spécialisés dans des activités illégales comme le traffic de drogue.

Avec le temps, les planètes et satellites sont devenu des états indépendants, et une toute nouvelle génération d'Hommes grandit sans se souvenir de la Terre. La Gate faisait dès lors partie intégrante du quotidien, un outil devenu absolument indispensable aux Hommes. Quant au crime interplanétaire, il tombait sous la juridiction de l'Inter Solar System Police (ISSP), organisation policière qui introduit le système des primes à l'origine de l'apparition d'une nouvelle classe de chasseurs de primes : les cowboys. Comme Spike Spiegel, un ancien membre de l'organisation criminelle chinoise des Red Dragons. Cet expert en arts martiaux a jadis quitté le milieu et rejeté un passé qui l'a laissé pour mort émotionnellement. Dans son errance parsemée de fantômes (Julia, la femme qu'il aime, et Vicious, son ex-équipier et ami), ne croyant plus en rien, il rencontre Jet Black, un ancien policier de l'ISSP qui a
Faye : un passé évaporé
quitté ses fonctions suite à une mission qui a mal tourné. Ils trouvent sur leur route la rusée Faye Valentine, une femme fatale aussi égoïste que déterminée, qui cache cependant un être blessé et fragile en quète d'une place dans le présent à défaut d'avoir pu se trouver un passé. Mais aussi Edward, la fillette hacker complètement déjantée, source intarissable de bonne humeur dans le vaisseau. Celle-ci se liera fortement avec Ein, un Welsh Corgi à l'intelligence surdéveloppée, fruit d'un programme de recherches top-secret, que l'équipage recueillera très tôt à son bord. Et dire que Spike déteste les moufflets et les clébards... !
A new genre itself !

Si Cowboy Bebop est devenu une telle référence, ce n'est pas seulement grâce au subtil mélange des genres (du space opera au western en passant par les séries télévisées des années 70 et les gunfights de John Woo) ou à l'ambiance rétro-kitsch, accentuée par la sublime bande-son jazzy de Yôko Kanno (véritable hommage à toute la pop culture télévisuelle et cinématographique), mais aussi et surtout grâce à un scénario inventif et couillu, servi avec réussite par de gros moyens techniques. De la 3D léchée (quoiqu'un peu maladroitement intégrée, par moments), un character design accompli et original, et enfin une animation d'une fluidité surprenante pour une série télévisée, même si - pay per view oblige - on considère souvent la série comme étant une série d'OAV (à l'image des OAV Hades Jûnikyû-hen de Saint Seiya, diffusés sur le réseau SkyperfecTV). Les mouvements des personnages sont élégants, réalistes et travaillés, et ils évoluent dans un univers absolument maîtrisé par le réalisateur Shinichirô Watanabe qui marque de son empreinte le style de la série, avec plusieurs morceaux de bravoure et d'audace sous forme de scènes devenues inoubliables depuis (La chute de Spike à travers le vitrail de l'église dans "Ballad of the Fallen Angel" est un exemple très évocateur de cette maestria visuelle). Ces scènes illustrent une trame rafraîchissante, souvent délirante, parfois désabusée et obligatoirement fataliste. Les héros, individus brisés, forment une galerie de portraits unique : des personnages qui cherchent un second souffle dans l'aventure, emportés dans une quête personnelle qui les plonge parfois avec violence dans les abîmes de l'âme humaine, dans les recoins les plus obscurs d'un passé, d'une vie qui ne les a pas épargné et qui n'est désormais constituée que d'espoirs envolés et d'illusions perdues. Une part d'eux-même qui semble liée à une existence à jamais révolue. Ces personnages plus vrais que nature, qui ne s'éloignent pourtant pas d'un certain réalisme touchant, cabotinent pour ne pas pleurer. Ils cotoient la mort de près pour pouvoir se sentir vivants. Des personnages qui évoluent dans un pessimisme ambiant matiné d'enthousiasmes trompeurs. Au milieu de l'action et du délire apparaissent, ça et là, des instants de pure poésie contemplative et de lyrisme tragique, comme les épisodes Ballad of the Fallen Angel (Session #5), Hard Luck Women (Session #24) et les deux épisodes doubles Jupiter Jazz (Session #12 et 13) et Real Folk Blues (Session #25 et 26), les préférés de beaucoup de fans. Et pour cause. Comment, en effet, ne pas craquer pour ces personnages au destin si particulier. Série surprise de 98, ne tardez pas à découvrir cette petite merveille si ce n'est pas encore fait. See you, Space Cowboy !
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Staff technique

Ed : l'optimisme intact
Cowboy Bebop crée une véritable émulation au sein de la profession. Outre le staff principal, nombreux sont ceux qui, en effet, sentent qu'ils pourront explorer de nouvelles facettes de leur talent avec ce projet et veulent y attacher leur nom d'une manière ou d'une autre. Parmi les guest-stars, on compte la présence de grands personnages de l'animation japonais comme :

- Hideyuki Motohashi (Direction de l'animation des Sessions #3 et 7) : Un des premiers membres d'Araki Production, il est très connu au Japon pour ses travaux d'animateur et de character designer sur God Mars, Sailor Moon R, B't X, Fushigi Yûgi, Harlock Saga, Hikaru no go et DN Angel.

- Takahiro Komori (directeur de l'animation des Sessions #9, 13, 20 et 25): animateur clé sur Orange Road TV et OAV, Escaflowne TV et film, directeur de l'animation sur Rahxephon TV et film, Wolf's Rain, Scrapped Princess.

- Takuro Shinbo (directeur de l'animation des Sessions #4, 8, 11, 14 et 17) : directeur de l'animation sur G Gundam, Escaflowne, Gundam Seed ou encore Argento Soma.

- Tensai Okamura (storyboard des Sessions #6, 7, 12, 13, 15, 22 et 24, et storyboard + direction de l'animation d'une scène du film) : Un grand monsieur! Animateur sur le film et les OAV d'Hi no tori, Tonari no Totoro, réalisateur et directeur de l'animation du film Urusei Yatsura Yagi-san to Cheese, dirige, anime et storyboarde quelques épisodes d'Evangelion ainsi que le film Death, réalise le segment "Stink Bomb" de Memories, storyboarde quelques épisodes de Full Metal Panic, réalise les génériques et plusieurs épisodes de Wolf's Rain, storyboarde quelques épisodes de GITS Stand Alone Complex et, tout dernièrement, réalise le film de Naruto (+ le storyboard).

- Shigeyasu Yamauchi (storyboard Session #16) : Célèbre réalisateur culte des sagas Dragon Ball et Saint Seiya, idole de l'équipe Cyna, son talent est immense. Pour en savoir plus sur lui, cliquez ici.

- Junichi Satô (storyboard Session #18) : Mari de Yasuno Satô (responsable de la sélection musicale sur Saint Seiya !), il est surtout connu en tant que réalisateur sur des oeuvres telles que Maple Town Monogatari (série et film), Junkers come Here, Sailor Moon, Sailor Moon R, films d'Akuma-kun, Kingyô Chûihô!, Strange Dawn, Princess Tutu et toutes les séries de Ojamajo Doremi.

- Michiko Yokote (scénario des Sessions #2, 5, 7, 8, 11, 16, 17 et 24) : Bien connue des lecteurs de Cyna pour être la scénariste principale des OAV Saint Seiya Hades Jûnikyû-hen et co-scénariste du film Tenkai-hen, elle était aussi scénariste sur Ah ! My Goddess le film, Jungle wa itsumo Hare nochi Gû, Kamikaze kaizoku Jeanne, You're under arrest, Patlabor, Strange Down, Mahô tsukai TAI, Rurôni Kenshin ou encore Hack//SIGN.
Vicious : Ange Déchu

Cowboy Bebop - 26 épisodes (1998-1999)
Production : Masahiko Minami (président du studio Bones) et Kazuhiko Ikeguchi
Histoire originale : Hajime Yatate (Gundam, Samurai Troopers, Escaflowne, Argento Soma, Witch Hunter Robin)
Réalisateur : Shinichirô Watanabe (Gundam 0083, Macross Plus, Escaflowne, Samurai Champloo)
Structure scénaristique : Keiko Nobumoto (Macross Plus, Wolf's Rain, Tokyo Godfathers)
Character design : Toshihiro Kawamoto (Orguss 02, Gundam 0083, The Cockpit - segment 2, Golden Boy, Escaflowne le film, Wolf's Rain, Rahxephon le film)
Directeurs de l'animation : Toshihiro Kawamoto
Mecha design : Kimitoshi Yamane (Bubblegum Crisis, Escaflowne série et film, Argento Soma, Gundam Seed)
Directeur artistique : Junichi Igashi (City Hunter, G Gundam, Z Gundam, Soul Taker, Super GALS, Vandread, Escaflowne le film, RahXephon)
Décors : Isamu Imakake (Otaku no Video, Eat Man' 98, Shin Getter Robo Sekai Saishû no Hi)
Aide aux décors : Dai Satô (Casshern film live, Wolf's Rain, Samurai Champloo) et Shôji Kawamori (Arjuna, 3 films de Patlabor, Ghost in the shell, Gundam 0083, Macross plus, Escaflowne série et film, Macross 7, Macross Zero)
Désignation des couleurs : Shihoko Nakayama (Akira, City Hunter OAV, Gundam 0083, G Gundam, Escaflowne le film, Rahxephon, Full Metal Alchemist)
Directeur de la photographie : Yôichi Ogami (G Gundam, Cowboy Bebop le film)
Montage : Tomoaki Tsurubuchi (Gundam 1ère série et films, OAV de City Hunter, Gundam 0083, Yoroiden Samurai Troopers, Escaflowne, The Big O, film d'Inu Yasha)
Directeur son : Katsuyoshi Kobayashi (OAV de City Hunter, Please save my earth, films et OAV de Slayers, Devil Lady, films de Détective Conan)
Effets sonores : Shizuo Kurahashi (Escaflowne série et film, Metropolis, Perfect Blue, Wolf's Rain, Heat Guy J)
Musique : Yôko Kanno (Arjuna, Macross Plus, Turn A Gundam, Escaflowne, Brain Powerd, Wolf's Rain, GITS Stand Alone Complex)
Directeurs musique : Shiro Sasaki et Yukako Inoue
Producteur musique : Toshiaki Ôta
Musique produite par Victor Entertainment
Produit par SUNRISE Inc., BANDAI VISUAL CO., Ltd.
Diffusé sur TV TÔKYÔ et WOWOW

YOU'RE GONNA CARRY THAT WEIGHT...
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Z'avez du feu ?

Revenons brièvement, si vous le voulez bien, sur quelques produits dérivés de la série. Bon, au niveau des DVD, nous avons l'embarras du choix. L'édition française de Dybex propose bien entendu la VO mais aussi l'excellente VF que je vous conseille vivement, ne serait-ce que pour écouter la performance de Yann Pichon (Spike). Rassurez-vous, les autres comédiens gaulois parviennent à se hisser à sa hauteur. Pour ce qui concerne les éditions japonaises, il y a à boire et à manger. Outre les versions à l'unité, il existe également quelques compilations des meilleurs épisodes (un choix plutôt subjectif en l'occurence) et, bientôt, un coffret intégral de la série (prévu pour le 23/12/2004. Cliquez ici pour voir le visuel) présentée pour la première fois en 5.1. Notons que ce Box proposera également le fameux épisode promotionnel, "Session #0" (qui a été édité indépendemment en VHS et en LD auparavant).

Un bien bel objet !
Du point de vue des Art Book, beaucoup de choses là aussi. Outre les Complete Type, 6 ouvrages illustrés retraçant la série et ses épisodes, Newtype a également publié deux Mook très intéressants : The Jazz Messenger et The After. Si le premier comporte surtout des illustrations, le second est certainement le plus riche : présentation originale et touchante des personnages, guide illustré des épisodes, guide de l'univers du Bebop, analyse des influences cinématographiques et musicales de la série, présentation exhaustive des goodies (impressionnant !), analyse des OST (avec index des musiques par épisode), des interviews du staff et du casting, une galerie d'illustrations (non-exhaustive mais très belle) et, enfin, des Model Sheets. Une perle ! N'oublions pas le Mook Character Collection publié par Gakken, qui revient en détail sur les pensionnaires du Bebop. Les pages sont richement illustrées de screenshots de la série. A noter plusieurs illustrations inédites (réalisées par plusieurs directeurs de l'animation de la série), une interview croisée de Kôichi Yamadera (Spike) et Megumi Hayashibara (Faye), des Model Sheets et enfin un dictionnaire illustré des personnages secondaires.

Pour terminer, n'oublions pas le tout récent Art Book Toshihiro Kawamoto : Cowboy Bebop Illustrations The Wind que l'on attendait depuis longtemps. Au menu, 145 pages d'illustrations officielles de Toshihiro Kawamoto (character designer et directeur de l'animation de la série) : jaquettes des VHS, LD et DVD japonais, illustrations pour Animage, Newtype, Animedia et Fantasy AX, croquis préparatoires des personnages (impressionnants !) et beaucoup d'autres merveilles. Le tout dans un volume relié épais qui ne renie pas l'appelation d' "art book". N'oublions pas un gros bonus pour les fans : chaque illustration est commentée par Kawamoto himself. Des commentaires en japonais AVEC leur traduction anglaise ! Un art book absolument magnifique en tous point et compréhensible par tous, donc.

Vous voilà armé pour prendre place à bord du Bebop. See you, Space Cowboy !


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