Dossiers Cyna > Le retour du Tenkai

[Modifié le 8 octobre à 11h20] Bon, puisqu'il faut bien y passer, et qu'on l'a fait pour l'article sur Ring ni kakero (que personne ne lit, bien entendu, à se demander pourquoi on se donne la peine de dire que Cyna, ça n'est pas que sur Saint Seiya...), je mets en place la page qui servira à centraliser toutes les news et infos entourant la sortie du DVD du film 5, j'ai nommé Tenkai-hen Overture.

L'avis de Kamen

Premier avis d'abord, ce matin, de la part de Kamen no kikôshi, notre correspondant au Japon sur nos forums privés.

Bon ca y est, j'ai la bête. Je suis vert de rage, ca m'a coûté les yeux de la tête, mais en dédommagement, j'ai une petite "tapisserie" qui reprend la couverture du DVD. Ouais !!!!
Bon, le DVD est bêtement rouge, pas top. Des effets de dégradés amusants, mais pas une seule image. Où est la sérigraphie plaisante à l'oeil ?
Avec ça, un livret expliquant comment utiliser le DVD (au cas où vous seriez attardé), un papier pour s'inscrire au Emotion Family Club, une pub pour le magazine officiel de Bandai Visual, et une pub pour les Saint Cloth Myth mettant en avant Aiolos (mais Shura rendra ENCORE mieux !!!).
Enfin, le booklet reprend l'affiche ciné, et est un pur moment de bonheur. 2 pages sur la genèse du film, notamment les idées présentes au départ [1] et ce qui a été dramatiquement changé, et sur la symbolique élémentaire du film (eau, sable, feu, lumière). Un régal. 2 pages d'interview de Yamauchi, TRES instructives encore (désolé, je dois filer, pas le temps de détailler), 2 pages sur l'avis des doubleurs, 6 pages de croquis et autres (rien d'inédit par rapport au pamphlet du film je crois, à part 2 images dont je ne suis plus certain), et enfin une page de pub pour les produits dérivés.Dernière page : le staff détaillé du film.
Selon le booklet, plus de détails sur la genèse du film sont dispos dans les commentaires audios. Miam miam, voila qui me faire digérer plus ou moins le prix EXORBITANT de cette chose (Innocence m'a à peine coûté la moitié... pour 2 DVD !!!).
A plus !
C'etait Kamen, qui aime se faire mousser.


Hoplà... Bon, je suis d'accord avec Kamen sur le prix du DVD, tout le monde sera d'accord avec nous je suppose. La politique tarifaire de Bandai m'échappera toujours, mais on peut supposer qu'ils ont monté les prix du fait de la faible fréquentation en salles pour le Tenkai, qui résulte dans des chances moindres pour que le DVD soit un succès. Comprendre : augmenter le prix signifie, pour eux, recouper un peu les coûts du film...
A part ça, les bonus ont l'air tout à fait honnêtes. Pour ma part, je suis aussi très intéressé par les sous-titres japonais, qui me permettront de suivre tous les dialogues du film sans aucune difficulté. Finies les approximations à l'oreille !
D'ailleurs, cet aspect devait me pousser à réaliser rapidement un script du film en français pour pouvoir lire votre DVD avec sous-titres sur un lecteur DVD-Rom. Mais je dois du coup vous parler d'une bien triste nouvelle pour l'image de la communauté...
27 septembre, au petit matin...

Hier, j'ai passé la journée à faire le deuil de l'idée d'une exploitation en France vierge de tout piratage. Merci donc, puisque j'ai envie de le citer, à HuHu, qui autrefois avait déclaré qu'il "arrêtait de diffuser des raw pour être sûr de ne pas faire de mal aux auteurs", et qui a finalement préféré privilégier sa petite gloire personnelle en laissant imaginer aux gens qu'il a rippé le DVD lui-même alors qu'il a simplement diffusé un fichier trouvable facilement sur les P2P japonais et sur les forums chinois depuis vendredi dernier. En bref, il s'est encore moins embêté que sur Hadès...

Bon, ce matin, 8h20, c'est presque oublié... Je n'attends plus qu'à recevoir le DVD.
Chez Chronopost, le site m'annonce : lundi 7h45, envoi en cours de livraison. Il n'y a plus qu'à attendre, donc... Après, je me mets mon petit DVD dans le lecteur, et je me découvre le film sur ma belle télé, avec les sous-titres japonais activés. Le PIED ! Ensuite je vous en ferai un compte-rendu, si tant est que c'est nécessaire... J'ai déjà vu quelques minutes hier (le temps de regarder le staff du générique de fin, de m'étonner devant le prix que le film a dû coûter vu qu'il y a facilement dix fois plus d'animateurs que sur les précédents opus, et d'y retrouver avec un immense plaisir la majorité du staff des animateurs d'Abel, y compris ceux qui n'avaient pas travaillé sur Hadès !), et j'étais bien content de constater que la qualité de l'image de cette version qui circule sur le Net est extrêmement pixellisée et désagréable à regarder... smiley On se console comme on peut, n'est-ce pas ! ;-)

Après, j'essaierai d'écouter le commentaire audio, mais ça va prendre beaucoup plus de temps pour en faire un compte-rendu, vu le mal que j'ai avec les conversations "casuelles", sans effort d'articulation particulier... Et j'imagine mal la Tôei faire sous-titrer ces commentaires, quoi.

On termine sur ce que j'ai oublié de vous dire la semaine dernière : le DVD se vend pas trop mal au Japon. D'après les classements Oricon Charts, il y serait entré le 22 septembre, bien qu'il fût annoncé officiellement pour le 24 ! Je vais d'abord vous remettre dans l'ambiance et je vous donnerai les chiffres plus bas.

On prend d'abord le classement quotidien général des DVD (animation et le reste confondus, donc). Les ventes sont bien entendu dominées, comme en France, par la trilogie Star Wars (que je me suis fait grand plaisir à découvrir en VO sous-titrée : à part la voix de Luke - alors que Mark Hamill est devenu un excellent voice-actor depuis avec le voix du Joker dans Batman TAS - à part la voix de Luke donc, je préfère largement cette version à la version française). Le même jour que le Tenkai est sorti, chez le même éditeur (Bandai Visual), le deuxième DVD-résumé de la série TV de Gundam Seed, le gros carton récent de l'éditeur. Du coup, il s'envole en tête des ventes de DVD d'animation, rien à faire, surtout à un prix assez bas. BV, décidément en veine, a également mis dans les bacs le même jour le 7ème DVD de Stand Alone Complex 2nd Gig, la suite de la série TV dans l'univers de Ghost In The Shell. Enfin, puisqu'on parle de ça, le 15 septembre dernier était sorti le DVD d'Innocence, à un prix défiant toute concurrence pour une première édition (3800 yens). Un prix justifié par la politique au Japon de Buena Vista (son éditeur), qui fait de même avec les Ghibli. BV est également le gage d'une bonne mise en place dans les rayons ainsi que d'un marketing assez présent.

Petite parenthèse en passant : voilà encore un film qui n'a vraiment pas eu de chance... Il aurait pu se vendre comme des petits pains dans le monde entier, mais une bande d'abrutis (Hawks pour ne pas les citer) a sorti un fansub (foireux, j'imagine) avant même la sortie du film au Japon... C'est gentil de se la péter, mais si c'est pour casser les ventes du DVD, c'était peut-être pas la peine merci... -_- Bon, je n'en mourrai pas dans ce cas, vu qu'avant la sortie de SW, le film était en tête des ventes au Japon, donc il a dû rembourser son budget depuis longtemps. Mais z'enfin bon, pourquoi avoir réservé le même sort à un film que nous attendions depuis si longtemps, hein ?! Vous êtes les fans de Saint Seiya, c'est à vous qu'il incombe en premier de respecter ses auteurs !

Enfin, à signaler aussi, la sortie de Scandal, un film coréen par le réalisateur d'Une liaison, et qui apparemment a cartonné au Japon, puisqu'il est systématiquement second des ventes, derrière la trilogie SW. Il est talonné par le Gundam Seed, et ce depuis 4 jours (les chiffres s'arrêtent pour le moment au 25 septembre). Voilà donc le Top 3 depuis la semaine dernière.

Alors, où en est le Tenkai dans tout ça ? 14ème le jour de son entrée, 11ème le 23 septembre, 7ème le 24 septembre, et 10ème le 25 septembre. C'est pas si mal, pour un film qui a fait un véritable bide en salles... Allez, on passe au classement spécifique aux DVD d'animation. Le quatuor de tête est le même depuis le 22 septembre : Gundam Seed en tête, Innocence en deuxième position, talonné par SAC 2nd Gig qui l'a dépassé depuis le 24 septembre, et en quatrième position le film du Tenkai ! Même si la concurrence n'est pas très rude en ce moment, c'est quand même un score très honorable pour Saint Seiya. Reste à savoir si les ventes collent aux trois premiers du classement, ou si ceux-ci sont loin en tête...

Bon, il est presque 9h du matin et je n'ai toujours pas reçu mon DVD, j'espère qu'ils ne l'ont pas confié à un abruti qui ne prendra pas la peine de chercher le chemin de ma maison... Ca m'est déjà arrivé une fois, j'étais bien énervé !! Bon, je repasse dès que j'aurai vu le film...
28 septembre : plein de bonnes choses...

Bon, j'aurais dû écrire un compte-rendu du film il y a plus de 24 heures, mais j'ai malheureusement beaucoup de travail dans d'autres domaines... Et puis quand j'ai eu un moment de libre, je l'ai consacré à quelque chose qui n'intéresse qu'Arion, moi et quelques autres : le staff complet du film. On était curieux de le connaître depuis des mois, et il y a quelque chose de jouissif à se faire plaisir, uniquement à soi et à ses proches amis... Après tout. Donc, si ça vous intéresse : l'encyclo vous propose une fiche Tenkai augmentée des noms des 39 animateurs (6 à 7 fois plus que pour les précédents films !), et pas mal de noms d'assistants, etc. Je pense que la fiche est très complète, il manque les intervallistes (on y retrouve surtout Kyôko Satô qui était présente sur de nombreux Hadès), les décorateurs (parmi eux, les plus intéressants sont Yoshiyuki Shikano du studio Mukuo, qui avait réalisé la moitié des décors de la série TV, et Jun-ichi Higashi qui est surtout connu comme directeur artistique sur de nombreuses séries de la société Sunrise !), et les noms des sociétés ayant collaboré au film. Je le ferai peut-être, plus tard...
J'en ai également profité, aujourd'hui cette fois, pour compléter les listings d'animateurs des 13 épisodes de Hadès, en répertoriant, épisode par épisode, tous les animateurs présents sur le Tenkai. J'y ai également ajouté deux animateurs de l'ancienne génération que j'avais oubliés (Tomohiro Ogawa et Osamu Ishikawa, tous deux issus de la série TV et de Lucifer). Je dois avouer que ça me passionne, de chercher les noms des animateurs, et de constater que certains ont un véritable "parcours" dans le petit monde de Saint Seiya, restant dans l'ombre (sans interview nulle part ni de grand rôle à part celui de simple animateur) mais toujours fidèles à l'équipe de Shingo Araki. C'est une vraie petite famille...!

On se met aussi à jour pour les ventes du DVD : il est en tête des ventes sur CDJapan, se payant même le luxe de devancer Innocence. Ce qui n'est pas le cas malheureusement dans l'Oricon. Le Tenkai y passe de la 10ème à la 14ème place du classement quotidien des DVD, mais conserve (heureusement) sa 4ème place au classement des DVD d'animation. Le lendemain (27 septembre), il est passé en 17ème place du classement général, et est descendu à la 6ème place du classement d'animation, devancé cette fois-ci par Frère des ours et Le monde de Nemo (encore !)...

Bon, allez, je vais passer au film en lui-même... Je l'ai donc reçu hier après-midi, et j'ai bien décidé de le savourer. Ayant pris la décision de ne plus faire de script, j'ai donc pu me délecter devant le film sans avoir à m'embêter à le traduire en même temps. Les sous-titres japonais m'ont encore mieux aidé : c'est comme si je voyais le film en français. Un véritable bonheur. Alors OUI, le film m'a plu, c'est évident ! Il ne m'a pas plu, il m'a conquis... Je vois que pas mal de gens sur les forums commencent à critiquer le film, à le trouver laid, sans intérêt, etc... Nous n'avons visiblement pas vu le même film. Là où certains critiquent en se basant sur un fichier WMV pourri qu'ils sont fiers d'avoir obtenu sans débourser un centime (et envers lequel ils ne ressentiront jamais l'attachement qu'on peut avoir pour un vrai DVD japonais, excusez-moi du peu !), les autres ont préféré se retenir de regarder le film dans ces conditions, d'attendre de recevoir leur DVD, et de le regarder sur leur TV 16/9 en activant les sous-titres japonais. Là, confortablement installé dans son futon, le fan se délecte devant le spectacle qui s'offre à ses yeux, aussi pur que s'il avait été vécu en salles.

Attendez une seconde, y'a mon chat qui me lèche les mains, c'est pas pratique pour taper.

Oui bon, je disais donc... Essayons de prendre la raison par le mauvais bout, et de chercher à critiquer férocement le Tenkai. Vous allez voir, ça n'est pas si facile que ça (à moins de parler en SMS et de fréquenter les forums infréquentables). Enfin, en tout cas c'est plus facile que de se débarrasser de son chat... Ah, voilà.

Force est de constater que face à Abel, les décors du Tenkai sont un peu tristounets, et ses musiques bien plates. Voilà, c'est tout le mal que j'avais à dire sur le film.

J'ai vingt-quatre heures de recul, et je ne l'ai visionné le film qu'une fois, j'ai probablement oublié des tas de détails, mais c'est l'idéal pour se poser et réfléchir aux problèmes. Car il y en a bien sûr. Pas vraiment de façon absolue (encore que certains puissent parfois se plaindre du rythme très changeant des scènes), mais surtout quand on le compare avec Abel. Car, après tout, seul Abel, par sa longueur et son ambition artistique, pouvait prétendre se battre contre le Tenkai. Alors, qui sera le vainqueur, entre le dessin animé qui a bercé la jeunesse de nombre d'entre nous, et celui qui vient pour tenter de lui succéder honorablement ? La réponse ne se trouvera pas dans cet article. S'il était besoin de prouver que l'on puisse, en faisant deux films à l'ambition similaire avec la même équipe, arriver à deux spectacles presque à l'opposé, il est inutile d'aller plus loin qu'ici. Abel, c'est un déluge de décors merveilleux, un appel au rêve, une fusion parfaite des sens, une réussite artistique éblouissante.

Le Tenkai, c'est tout simplement le plus cérébral de tous les Saint Seiya. Si Abel nourissait les plaisir du coeur, le Tenkai adresse ceux de l'âme. Une telle poésie des mots n'apparaît dans aucun autre film. Je ne sais si je dois remercier Michiko Yokote ou Akatsuki Yamatoya pour cela, mais ils ont probablement chacun apporté leur part. Alors oui, pour les fans aguerris, Shun crie une nouvelle fois son "Ikki, tu es venu m'aider !", faisant juste une croix sur le traditionnel "yappari", histoire que le cliché ne soit pas aussi cliché. Mais si les auteurs s'amusent à rendre hommage aux quatre précédents opus, il ne faut pas oublier que quinze ans se sont écoulés depuis Lucifer, et que l'équipe a désormais d'autres ambitions narratrices pour Saint Seiya. Pas question de faire une croix sur la sacro-sainte structure des films, mais tout aura été fait pour nous dérouter, pour nous perdre dans le labyrinthique dédale d'un Sanctuaire complètement inédit par rapport au passé. L'arrivée d'Artemis au pouvoir n'est pas un rouage scénaristique, non, c'est bien plus que ça : c'est tout le symbole du renouveau nécessaire au sein de Saint Seiya. Le Sanctuaire doit changer, Artemis le reprend en main. La fameuse montagne des douze Maisons est méconnaissable. N'essayez même pas de la redécouvrir ici, c'est un nouvel univers qui s'offre à nous, et qui n'a du Sanctuaire que le nom. L'omniprésence de l'eau rappelle un peu le Venise onirique que visite Shiryû lors de son combat contre Death Mask dans Abel, mais nous ne sommes pas non plus au Temple de Corona. L'eau prend ici deux de ses symboles les plus fréquents : elle épure à la fois l'âme de Seiya, celle des hommes et celle de Saint Seiya. Mais elle représente également la féminité, celle de Saori, pour qui brûle la flamme, le Cosmos pardon, de Seiya. Saori qui passe la majorité du film à faire couler son sang (l'eau de la vie) dans la fontaine de la rédemption, cherche à insuffler une nouvelle vie à la série que nous pensions connaître si bien.

Car c'est trop demander au staff du Tenkai que de reproduire systématiquement les ficelles émotionnelles des anciens films. L'ambition était plus grande ici. Nous sommes tous coupables de chérir en nos coeurs ce concept si simple, ni naïf de Saint Seiya : les plus belles scènes sont les morts accompagnées d'une musique tragique. Personne ici ne pourra prétendre le contraire. Mais si la sincérité fonctionnait sur Saint Seiya première génération (champion toutes catégories des oeuvres nécessitant un suspension of disbelief proche du sacerdoce), et si elle marchait tout aussi bien dans Hadès (l'épisode 13 en étant la preuve la plus éclatante), la question a probablement dû se poser pour le réalisateur : est-ce que Saint Seiya se réduit à ça, la recherche d'une émotion naïve qui passe systématiquement par la mort et la musique ? C'est possible. Alors il faut changer cela. Montrer que Saint Seiya est une oeuvre à part, c'est aussi chercher à le sortir de son cocon habituel, risquer de déplaire aux fans en ne leur apportant pas ce qu'ils attendent, et montrer une vision protéiforme d'un univers dont l'absence de manichéisme n'a jamais empêché les détracteurs de le qualifier d'uni-dimensionnel.

Quelque part, il s'agit avant tout de sortir Saint Seiya du carcan dans lequel l'a enfermé Masami Kurumada. Ultime ironie que le film dont on a partout annoncé la collaboration exceptionnelle de l'auteur du manga pour le scénario, finisse par être renié par celui-ci ! Trop éloigné de ses préoccupations ?

Le Tenkai est peut-être la réponse à cette question qui représente la mort (froide et sans émotion) de Saint Seiya : peut-on changer la donne de cet univers sans en modifier la forme apparente ? Un plus un égalent deux, mais si dans le même contexte, un plus plus équivalaient aussi à onze ? Qu'est-ce qui empêche un auteur d'explorer un univers dans un sens plutôt que dans l'autre ?

Yamauchi n'a donc pas fait de quartier. Tout d'abord, il demande spécifiquement à un décorateur de son équipe de "concevoir" les décors, bien en amont du travail du directeur artistique. Le but ? Encore une fois, obtenir une vision différente, qui saborde les effets poétiques pour obtenir un résultat brut, aride, presque sans âme... Ici, les Anges ne nous feront pas de cadeau. L'humain et sa beauté n'ont pas leur place. Ici, ce qui est beau est tout aussi terrifiant. Même l'eau qui coule est sans vie, stagnante. Plongé dans le film, on se met à la place de Seiya : cet univers est-il réel, ou découle-t-il de la malédiction de Hadès, qui le plonge dans un état second permanent ? La Nature semble lui intimer de retourner à son fauteuil roulant. "Retoune à ta place !", reprennent en choeur Shaina et ses accolytes. Quel accueil, en effet...! Sa place, Seiya ne pourra la trouver qu'en son coeur. Son armure, le symbole de sa force mentale, il la trouve dans les pénombres de l'angoisse, c'est le cas de le dire. Shaina l'a bien compris : symboliquement, il faut qu'il touche le fond pour recommencer à faire surface.

Nous sommes donc déjà dans une première phase, d'apprentissage, qui nous inquiète autant qu'elle nous enchante. Le plaisir de retrouver l'univers de Saint Seiya est doublé d'une fascination pour cet environnement hostile, encore plus abandonné que les vestiges du Temple de Corona, et surtout beaucoup plus primaire dans sa réalisation graphique. Mais ce que les décors du Tenkai perdent en finition, ils les gagnent en inventivité. Dès les premières minutes du film, le châlet à l'américaine nous surprend. On est loin ici du Yatch House, on n'est plus dans la résidence d'été de Saori au début d'Abel... Une architecture toute en longues lignes droites, typique des années 50-60, de cette vision de "l'Amérique moderne et civilisée" que l'on avait du moins à l'époque en France. Une architecture proprement... aseptisée. Un lieu de transition, sans douleur, sans états d'âme, évidemment entre la fin d'un Hadès et le début d'un Tenkai... Le réveil n'en sera que plus difficile. Plus tard dans le film, les décors sombres où évolue Seiya sont tout simplement inédits dans la saga, et que dire de la fontaine de la rédemption, elle aussi plus proche d'un alignement de longs traits que d'une fontaine proprement dite. C'est à la fois vide et magnifique.

Je vais m'arrêter pour ce soir concernant la critique... Inutile de préciser que je n'ai que des bonnes choses à dire sur la suite. Le seul défaut majeur du film concerne la musique, qui ne fait pas grand-chose pour transporter l'auditeur. Yokoyama n'est plus ce qu'il était... Mais bon, on le savait déjà un peu, après avoir écouté le soundtrack l'hiver dernier.

La prochaine fois que j'aurai du temps libre, après avoir terminé la critique je vous parlerai du Seiya History, mais aussi du commentaire audio, que je n'ai pas écouté en entier, mais il y a quelques détails très intéressants sur le scénario du film et de sa "fin inattendue" que j'ai pu y entendre. En attendant, je vous quitte sur une petite info qui ne va pas manquer, j'en suis sûr, de lancer des discussions... smiley Dans son interview publiée dans le livret du DVD, Yamauchi explique qu'à l'origine, les Chevaliers d'Or n'apparaissaient pas dans la première version du scénario. Selon Yamauchi, il avait besoin de faire comprendre la puissance que possédaient les dieux, et a décidé pour ce faire de les opposer aux plus puissants humains que l'on connaisse -- les Chevaliers d'Or. Ceux-ci, réduits à l'état d'impuissance comme on le sait, auraient pu avoir un destin moins tragique si Yamauchi n'avait pas changé d'avis : en effet, au départ il avait envisagé de faire en sorte que nos Chevaliers soient libérés de cette emprise et renaissent devant nous. Le fait qu'il nous fasse cette confidence ne fait que confirmer ce qu'on espérait tous sous cape (enfin, j'imagine ?) : que les Chevaliers d'Or ne sont plus vraiment morts, et qu'ils peuvent donc revenir à la vie à tout moment de l'histoire. On mettra ça sur le compte de la mort du seigneur des ténèbres, qui aura probablement "déréglé" le flux des morts... Mais dans ces conditions, comment ne pas céder à la tentation et demander au staff de nous ressusciter par la même occasion les Guerriers Divins ? Comment ça, "Kurumada ne veut pas entendre parler d'Asgard" ? Oh là là, qu'il est susceptible celui-là... ;p)
C'était juste pour dire...

Depuis le 28 septembre dernier, je n'ai pas chômé... Peaufinage du script avec DarkSoul (destiné je le rappelle, et de mon point de vue, uniquement à ceux qui ont acheté le DVD...), lancement en catimini de mon retour-of-the-blog (sur lequel vous pourrez vivre tous les 36 du mois mes péripéties quotidiennes, et qui n'intéressera personne -- encore heureux), etc, mais avec toutes ces conneries de débats sur le piratage, j'ai perdu trop de temps et je n'ai même pas pu terminer l'article entamé ci-dessus... Bref, au final Arion va faire un squelette d'article, j'y collerai le bout d'article en question, et on développera tous les points que nous avons abordés ensemble lors de nos dernières discussions. Il y a de quoi faire un beau dossier là-dedans... Sortie prévue... après le script, probablement.


[1] comptez sur Cyna pour vous faire un topo là-dessus dès que j'aurai le livret entre les mains...
[ http://dossiers.cyna.fr/765.html ]