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Akio Sugino... Si vous êtes friand d'animés de qualité, il est impossible que vous ne connaissiez pas ce nom. Car c'est celui de l'un des animateurs / designers les plus mythiques de l'histoire de l'animation japonaise. Associé au réalisateur légendaire Osamu Dezaki, ce duo sera l'un des plus prolifiques et surtout l'un des plus magiques !

Mushi beaucoup !

Black Jack

Né un 19 septembre 1944 à Sapporo (Hokkaidô), dans une famille nombreuse, Akio Sugino est dès son plus jeune âge féru de dessin. Il se passionne très tôt pour les oeuvres de Tetsuya Chiba (Ashita no Joe) et, atteint par le virus, publie ses premiers travaux à 15 ans dans des revues de mangas telles que Machi, où il fait pour la première fois la connaissance d'un certain Shingo Araki qui y publiait certains récits comme Taiyô The Big Estate. Précédé d'une réputation flatteuse et plusieurs fois primé, le
Astro
jeune Sugino entre en 63 au sein de Mushi Production, le studio d'Osamu Tezuka, en même temps que son compère Shingo Araki et un futur grand nom de la réalisation, Osamu Dezaki. Sugino et Araki travailleront ensemble en qualité d'intervallistes sur des oeuvres pionnières telles que Tetsuwan Atom [1] (63-66, 193 épisodes) et Jungle Taitei (65-66, 52 épisodes), plus connu chez nous sous le nom de "Roi Léo". Liés par l'amitié et l'ambition, le futur designer de Saint Seiya et celui de Cobra quittent la Mushi en 66 pour former le studio Jaguard avec Akihiro Kanayama (animateur sur Vampire Princess Miyu et Yoroiden Samurai Troopers) et Nobuyoshi Sasakado (Saint Seiya). Ils continuent néanmoins de travailler sur certains animes du studio de Tezuka, en qualité d'animateurs indépendants, comme le film de Jungle Taitei (Chôhen Jungle Taitei, 66) avec Mitsuo Shindô (Candy, Saint Seiya), Wanpaku Tanteidan en 1968 (35 épisodes d'après l'oeuvre de Ranpô Edogawa), avec Rintarô et Osamu Dezaki à la réalisation d'épisode, et le film Sen'ya Ichiya Monogatari en 1969 (Les Mille et Une Nuits version Tezuka).
TMS ou la longue histoire d'amour

Alors qu'Osamu Dezaki est réalisateur indépendant depuis 68, Shingo Araki et Akio Sugino mettent un terme à leur collaboration et entrent ensemble en 1970 dans la future Tokyô Movie Shinsha, où ils travaillent d'entrée sur l'animation de la première série d'Ashita no Joe (79 épisodes, tirés du manga de
Ashita no Joe
Tetsuya Chiba et Asao Takamori) avec Osamu Dezaki à la direction technique, et la participation de Yoshiyuki Tomino, le créateur de la saga Gundam. Dezaki s'associera de plus en plus souvent avec Sugino, notamment sur Kunimatsu-sama no Otôridai (71-72, 46 épisodes), toujours tiré de l'oeuvre de Tetsuya Chiba et avec la participation de Nobuyoshi Sasakado côté animation, puis Jungle Kurobee (1973), d'après le manga d'un autre célèbre duo, Fujio Fujiko (Doraemon), et enfin Ace wo Nerae! ("Vise l'Ace !", 73-74, 26 épisodes), plus connu chez nous sous le titre "Jeu, Set et Match !", et inspiré du manga éponyme de Sumika Yamamoto.
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Début 75, Sugino fait un détour par la Sunrise pour travailler sur l'animation et le character-design de série La Seine no Hoshi ("La Tulipe Noire" chez nous, 39 épisodes) réalisée en grande partie par Yoshiyuki Tomino, et ensuite par la DAX International pour oeuvrer sur le graphisme de la série populaire Manga Sekai Mukashibanashi ("Contes et légendes du monde" 76-79, 127 épisodes), réalisée par Osamu Dezaki et Rintarô. De 76 à 77, Sugino travaille pour Tôei Animation sur l'adaptation animée de Daikû Maryû Gaiking (44 épisodes) de Go Nagai, une énième histoire de robot géant réalisée par Tomoharu Katsumata (Capitaine Flam, Saint Seiya). Il enchaîne immédiatement avec un
Ie-naki ko
autre produit de la firme au Chat Botté, Jetter Mars (27 épisodes), les aventures d'un "clone" d'Astro Boy imaginées par Osamu Tezuka et réalisées par Rintarô. [2] Il signe aussi le character-design et l'animation du très marquant Ienaki Ko ("Rémi sans famille", 77-78, 51 épisodes), d'après l'oeuvre d'Hector Malot, et de Shin Ace wo Nerae! en 1978, avec le concours d'Osamu Dezaki à la réalisation sur ces deux derniers animés.

En 77, notre animateur participait aussi au character design d'Arrow Emblem Grand Prix no taka ("Grand Prix", 44 épisodes. Sub-character design [3]), série réalisée par Rintarô pour Tôei Animation. Sugino retrouve ensuite Dezaki sur la série TMS Takarajima ("L'île au Trésor", 78-79, 26 épisodes. Character design et animation), d'après le roman de Robert Louis Stevenson, avant de rejoindre la Nippon Animation sur un nouveau projet d'adaptation d'une oeuvre d'Hector Malot, Perrine Monogatari ("L'histoire de Perrine", 78, 53 épisodes, d'après le roman "En famille"). L'année 79
Versailles no Bara
s'ouvre sur une adaptation animée de la vie de Marco Polo par le studio Mad House (Kikô Marco Polo no Bôken, 43 épisodes) et se poursuit avec le film de Shin Ace wo Nerae! pour la TMS, mis en scène par Dezaki.

La même année, Dezaki et Sugino arrivent à la rescousse sur la deuxième moitié de Versailles no Bara ("Lady Oscar", 79-80, 40 épisodes), où le réalisateur Tadao Nagahama (Ulysse 31) vient de renoncer à son poste suite à un conflit avec Reiko Tajima, la voix d'Oscar. Notre duo magique en retrouve ainsi un autre, celui formé par Shingo Araki et Michi Himeno. Ces derniers s'occupent du character-design principal, tandis que Sugino est attaché au character-design des personnages secondaires. Il n'est d'ailleurs pas inutile de préciser à ce stade qu'Araki et Himeno furent considérablement influencés par le style Sugino, ce qui se fera sentir non seulement sur la seconde moitié des aventures d'Oscar de Jarjayes mais également dans toute la suite de leur carrière.
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Dezaki-Sugino: Duo magique !

En 1980, Osamu Dezaki quitte le studio Mad House (où il travaillait depuis la création de celui-ci en 1972) pour officialiser son amitié et sa connivence artistique avec Akio Sugino, qui de son côté quitte la TMS, en fondant leur propre société de production, Annapuru. Sugino s'active de suite à dessiner la suite des aventures du boxeur Joe dans Ashita no Joe 2 ("Joe 2", TMS, 80-81. Character design) avec Osamu Dezaki à la direction technique. Et avant de s'attaquer au film éponyme (81), toujours
Cobra (www.cobraworld.net)
dirigé par Dezaki, notre animateur apporte son expérience à la Nippon Animation pour le sub-character design de la très jolie série Tom Sawyer no bôken (80, 49 épisodes bien connus sous nos lattitudes) et à Mad House et Sanrio Prod pour Unico, film entamé en 79, adapté d'une histoire d'Osamu Tezuka et réalisé par Toshio Hirata (Hi no tori Yamato-hen), auquel participait aussi Yoshiaki Kawajiri (Ninja Scroll, X) du côté de l'animation. Puis il revient à la TMS avec le chara-design de Tetsujin 28 (80-81, 51 épisodes), un robot géant imaginé par feu Mitsuteru Yokoyama (Babel II, Sangokushi, Giant Robo), dont un épisode fut d'ailleurs dessiné par l'immense Hayao Miyazaki. En 1982 débute l'époque de Space Adventure Cobra, le célèbre pirate de l'espace au Psychogun, avec le superbe film réalisé par Dezaki pour la TMS, auquel participeront de nombreuses pointures parmi lesquelles Shingo Araki, Michi Himeno, le studio Télécom (dont faisait partie à l'époque Hayao Miyazaki), Shinji Ôtsuka (futur co-character designer de la série) et Kôji Morimoto, excusez du peu ! Sugino en signera le character-design avec Shichirô Kobayashi (sub-character design). Le long-métrage fut suivi trois mois plus tard de la célèbre série télé de 31 épisodes (1982-1983), toujours avec Osamu Dezaki à la réalisation.

1983 est une année pleine, avec le character-design principal
Ace wo Nerae! 2
de Cat's Eye ("Cat's Eyes", TMS, 83-84, 73 épisodes), avec l'aide de Satoshi Hirayama et Shingo Araki (sub-character design), le film Golgo 13 (TMS, d'après Takao Saitô) réalisé par Osamu Dezaki, et la série Mighty Orbots (TMS, 83-84, 13 épisodes), co-production américaine avec une nouvelle fois Osamu Dezaki à la direction technique, et la présence de Shingo Araki dans l'équipe des animateurs-clé. Sugino signe ensuite le design du long-métrage Oshin (Sanrio, 84), réalisé par Eiichi Yamamoto - pour qui Sugino travaillera à plusieurs reprises, adaptation animée d'une série live shôjo très populaire située à l'ère Meiji. Après avoir adapté les personnages du manga de Junko Sasaki pour le film Nayuta (Toshiba Emi, 86) et ceux de Moto Hagio pour le très intrigant film de SF hitchcockien Jû-ichi-nin iru! ("Le onzième passager", 1986), mis en scène par Dezaki et Tsuneo Tominaga pour Kitty Films, Sugino se replonge avec son double Osamu Dezaki dans certaines oeuvres du passé pour les "remakes" de Takarajima (pour un long-métrage), et Ace wo Nerae!, pour une série d'OAV (Ace wo Nerae 2, 88), tous deux pour la TMS. La
Oniisama e...
dernière série d'OAV de la saga tennistique, Ace wo Nerae! Final Stage, sera produite de 89 à 90 pour la TMS, avec à la mise en scène... Eh oui, encore et toujours Dezaki !
Le créateur se fait plus rare

De 91 à 97 s'ouvre une période de collaboration quasi-exclusive entre Sugino et Dezaki, avec des projets tels que Oniisama e... ("Très cher frère", 91-92, 39 épisodes) une très jolie série de Riyoko Ikeda (Versailles no Bara) pour Tezuka Production, les 4 séries d'OAV du médecin solitaire et balafré Black Jack (TMS, d'après Tezuka, 93-97, character design), le film éponyme (96), l'OAV americano-japonais Sword For Truth (Tôei Animation, 1996), la série Hakugei Densetsu ("La légende de la baleine blanche", Image K, 1997) et les 26 épisodes de série biblique Tezuka Osamu no kyûyaku seisho monogatari - In The Beginning de Tezuka Production, dont Dezaki était directeur technique. En 97, Sugino fait une brève infidélité à son
Jungle Taitei - Le film (97)
complice pour travailler sur le nouveau film de Jungle Taitei (97), réalisé dans le but avoué de rappeler au public les véritables origines du Roi Lion.

Ils se retrouveront l'année suivante à l'occasion de l'OAV Golgo 13 : Queen Bee (character-design et direction de l'animation) pour la TMS, dernière oeuvre commune recensée, où l'assassin Golgo 13 est engagé pour mettre un terme à la vie d'une meneuse de guerilla en Amérique du Sud, la mystérieuse Queen Bee. En 2003, Sugino était crédité au poste de direction de l'animation et de co-réalisateur avec Fumihiro Yoshimura (Lady Lady !!, Black Jack, Jungle Taitei 97) du film Boku no Son Gokû, une nouvelle adaptation de Tezuka, basée sur la fameuse légende chinoise du Roi des Singes.

Hi no tori - l'Aube
Toujours très très Tezukien dans l'âme (c'est soit ça, soit il lui devait de l'argent), Sugino participe à la direction de l'animation de quelques épisodes de la série TV de Hi no tori (Le Phénix), en mars 2004. Il influe également visiblement sur le character-design global de cette très belle série.

Depuis, nous n'avons plus de nouvelles de lui, après son dernier départ pour l'Amazonie, où il se rendait comme à son habitude pour aider à la lutte pour la préservation de la forêt vierge. Sa disparition mystérieuse a été imputée à une rencontre impromptue avec une tribu de réducteurs de tête. Euh... Naoki, qu'est-ce que tu fais dans mon article à ajouter n'importe quoi ?! Allez ouste, va-t-en !!!

Euh, voilà, oubliez le dernier paragraphe. A vous les studios !


[1] Astro Boy. Première collaboration avec Osamu Dezaki, alors directeur de l'animation.

[2] Toyoo Ashida (Hokuto no Ken) et Tadao Kubota (Captain Harlock, Galaxy Express 999, Saint Seiya) faisaient également partie du staff de cet animé

[3] Le sub-character design concerne essentiellement le chara-design de personnages secondaires, ou alors une aide significative au chara-designer principal. Ex : Shingo Araki, sub-character designer sur Cat's Eye, série dont le graphisme était essentiellement dû à Sugino

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