Dossiers Cyna > Lupin The Third

C'est à la fin des années 60 que Kazuhiko Katô (plus connu sous le pseudonyme de Monkey Punch) ébaucha les premières aventures d'un gentleman cambrioleur bourré d'humour, à l'intelligence supérieure et à la libido surdéveloppée !


Le personnage gagne tout de suite en charisme lorsqu'on examine son arbre généalogique, lui qui est ni plus ni moins le petit fils (Lupin Sansei, soit Lupin le troisième) du légendaire Arsène Lupin. Accompagné de ses acolytes (Daisuke) Jigen le flingueur, Goemon (Ishikawa) le samouraï et la sublime Fujiko (Mine), Lupin parcours le monde à la recherche de richesses... éternellement poursuivit par l'inspecteur (Kôichi) Zenigata [1].

Très rapidement, les chasses aux trésors de Lupin passionnent le lectorat malgré un graphisme très particulier. Et c'est tout naturellement que la puissante et prestigieuse TMS (Tôkyô Movie Shinsha) en acquiert les droits en 1967 pour une éventuelle adaptation animée. A l'origine, la TMS souhaitait en tirer un long métrage. C'est ainsi qu'un pilote fut réalisé en 1969 mais
le projet n'aboutit malheureusement pas. On peut toutefois encore aujourd'hui trouver ce pilote en vidéo, et c'est une introduction intéressante à l'univers de Lupin à travers une présentation endiablée de ses personnages.

C'est donc sur le réseau de télévision Yomiuri TV que Lupin fit ses premiers pas dans l'animation, en octobre 1971 exactement. La première série comptait 23 épisodes, et le succès fut tel qu'une deuxième série fut rapidement envisagée. Les épisodes 1 à 6, puis 9 et 12, furent mis en scène par Masaaki Ôsumi, qui réalisera près de vingt ans plus tard le somptueux Hashire Melos, un des plus beaux films d'animation situés dans l'antiquité greco-romaine. L'intégralité de l'animation de la série est supervisée par son character-design, Yasuo Ôtsuka, l'un des plus fidèles collaborateurs du studio Ghibli. Et quand on parle du loup...

En dehors des épisodes réalisés par Ôsumi, tous les autres ont été pris en charge conjointement par le duo Hayao Miyazaki / Isao Takahata, deux des réalisateurs les plus connus de l'animation japonaise (pour ceux qui sont tombés sur cette page en cherchant une recette de cuisine sur le gloubiboulga aux andouilles [2]), le premier est l'auteur de Nausicaa, Mon voisin Totoro, Princesse Mononoke, Le voyage de Chihiro, Le château dans le ciel, La petite sorcière et Porco Rosso... Entre autres (eh oui, il faut bien s'occuper). Quant au second, si Goshu le violoncelliste, Le tombeau des lucioles, les Yamada ou Omoide Poro Poro ne vous disent rien, c'est que vous ne les connaissez pas (oui, nous sommes accessoirement dotés de dons de voyance).

La première série, où Lupin porte une veste verte (par opposition aux séries suivantes où elle est rouge puis rose), vaut la peine d'être vue par les fans, malgré la faiblesse de son animation (mais c'est naturel vu son âge). Les Japonais la considèrent comme une oeuvre marquante, en raison de son statut de première série "hardboiled" du PAJ (paysage animé japonais).

Une seconde série de 155 épisodes fut donc produite entre 1977 et 1980. Les épisodes 145 et 155 (mais uniquement ceux-là) furent mis en scène, sous le pseudonyme de Tsutomu Teruki, par Hayao Miyazaki en 1980, après la sortie en salles du Château de Cagliostro. L'épisode 145 montre l'Albatros, un avion gigantesque qui rappelle un peu le Gigant de sa série TV Mirai shônen Conan. Quant à l'épisode 155, il permet à Miyazaki de créer le prototype de son attachant robot qui deviendra le gardien de Laputa en 1986.

Une troisième série vit enfin le jour entre 84 et 85, déclinée en 50 épisodes. Son design sera pris en charge par Shingo Araki, et l'animation entre autres par les staff de Saint Seiya et City Hunter. Depuis lors, Lupin Sansei n'est jamais descendu de son piédestal. Et chaque année, les fans nippons peuvent espérer la production d'un nouveau film ou de nouveaux téléfilms.
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Lupin est bien connu chez nous sous le nom d'Edgar, prince de la cambriole. Malheureusement, nous pauuuuuvres français n'avons eu droit qu'à la seconde série. Il est intéressant de noter que la France est l'un des seuls pays à avoir modifié le nom du héros. Manœuvre ô combien étrange, me direz-vous, alors qu'Arsène Lupin est français ! L'explication est assez simple et remonte à la création de Lupin. Le rapport avec le pseudonyme Monkey Punch du mangaka est assez étroit dans cette affaire. Il n'était au départ pas prévu que Monkey Punch garde cet alias. La légende veut qu'il ait opté pour ce pseudonyme au moment où Lupin Sansei commençait à avoir du succès au Japon. Manifestement, il n'imaginait pas la possibilité d'un succès et d'une telle médiatisation. Il pouvait au départ espérer échapper au courroux des ayants-droits de Maurice Leblanc (auteur d'Arsène Lupin) auxquels il n'avait pas demandé l'autorisation d'utiliser le nom du cambrioleur français. Du coup, entraîné dans l'engrenage du succès, il a choisit le pseudonyme "Monkey Punch" qui est en fait une expression anglo-saxonne signifiant "coup de poing en traître" !
Finalement, si Lupin a pu s'en tirer à bon compte au Pays du Soleil Levant, il n'en fut rien sur notre bonne terre de France où le héros hérita d'une flopée de prénoms tels qu'Edgar, Vidocq (!) ou encore Wolf. Cela n'altéra aucunement la qualité de cette version française, portée à bout de bras par une kyrielle d'excellents comédiens.

Si le succès fut modéré en France, l'œuvre devint rapidement culte dans d'autres pays d'Europe tel que l'Italie, et jouit même d'une certaine renommé aux Etats-Unis.

Lupin, créé à la fin des années 60, devint l'un des héros les plus mythiques de l'animation japonaise. Cet homme frivole, agile, intelligent et libidineux a servit de modèle incontestable et incontesté pour des héros majeurs plus tardifs tels que Cobra ou encore Ryô Saeba (City Hunter). Et au niveau du style de l'anime, son influence se fit sentir sur une série comme Cowboy Bebop (le style rétro et jazzy, et surtout le générique de début, calqué sur le générique culte de Lupin : "Lupin the thiiiiiiiiiiird !!).

- Lupin Sansei : Animographie

Série :

- Lupin Sansei (71) : 23 épisodes (au générique, Miyazaki et Takahata)
- Lupin Sansei (77-80) : 155 épisodes (série diffusée en France)
- Lupin Sansei (84-85) : 50 épisodes

Films :

- Lupin Sansei (1978) : Même si ce n'est pas un grand succès, il marche plutôt bien avec 900 millions de yens de recettes (environ 7 millions d'euros). Par la suite on l'a surnommé "Mamo", du nom du méchant du film.
- Lupin Sansei - Cagliostro no shiro (1979) : Film sublime toujours considéré comme l'un des tout meilleurs films d'animation de tous les temps (voir Anime Grand Prix). Et il bénéficie d'une solide réputation chez nous. Normal, Hayao Miyazaki était aux commandes (c'était son premier long métrage !). Etrangement, il aurait fait un bide en salles à l'époque, avec seulement 400 millions de yens de recettes (3 millions d'euros).
- Lupin Sansei - Babylon no Ôgon Densetsu (1985) : Réalisé par Seijun Suzuki, un des plus grands réalisateurs japonais, très connu pour ses films de yakuza.
- Lupin Sansei - Fûma-ichizoku no inbô (1987)
- Lupin Sansei - Kutabare ! Nostradamus (1995)
- Lupin Sansei - Dead or Alive (1996)

TV Specials / Téléfilms :

A partir de 1989, la Nihon TV décide de réaliser un nouveau TV Special sur Lupin III par an.
- Lupin Sansei - Bye Bye Liberty Kiki Ippatsu ! (1989) : Réalisé par Osamu Dezaki.
- Lupin Sansei - Hemingway Paper no Nazo (1990)
- Lupin Sansei - Napoleon no Jisho wo Ubae (1991)
- Lupin Sansei - Russia yori Ai wo Komete (1992)
- Lupin Sansei - Lupin Ansatsu shirei (1993)
- Lupin Sansei - Moeyo Zantetsu-Ken (1994)
- Lupin Sansei - Harimao no Zaihô wo oe ! (1995)
- Lupin Sansei - Twilight Gemini no Himitsu (1996)
- Lupin Sansei - Warusa P38 (1997)
- Lupin Sansei - Honoo no Kioku Tôkyô Crisis (1998)
- Lupin Sansei - Ai no Da Capo (1999)
- Lupin Sansei - 1$ Money Wars (2000)
- Lupin Sansei - Alcatraz Connection (2001)
- Lupin Sansei - Episode 0 : "First Contact" (2002)

OAV :

- Lupin Sansei - Ikiteita Majutsushi / Return of Pycal (2002) : Réalisé par Mamoru Hamatsu (génial réalisateur d'Arslàn Senki, Yoroïden Samuraï Troopers...). Cet OAV, superbement réalisé, est consacré au retour du magicien incendiaire Pycal, qui apparaissait dans un des tout premier épisode de la série.


[1] Entre parenthèses nous précisons le prénom ou nom du personnage, mais ceux-ci sont toujours appelés Jigen, Goemon, Fujiko et Zenigata

[2] ce qui est très probable si vous faites une recherche là-dessus, étant donné qu'il s'agit probablement du seul site au monde à citer le gloubiboulga aux andouilles deux fois, et même trois fois, regardez : gloubiboulga aux andouilles

[ http://dossiers.cyna.fr/648.html ]