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Le 2 décembre 2003 à 02h33
Ecrit par Arion

Once upon a time in America

Monument cinéphilique

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As boys, they said they would die for each other. As men, they did.

David "Noodles" Aaronson (Robert de Niro), vieil homme fatigué par la vie rend visite dans le quartier juif du Lower East Side de New York à Fat Moe Gelly, un ami d'enfance et ancien membre du gang auquel il appartenait il y a bien longtemps. A l'occasion de cette rencontre inattendue après tant d'années de mutisme, Noodles voit défiler devant ses yeux les images de son enfance dans le quartier, sa passion ébétée pour la jeune danseuse Déborah Gelly, ses compagnons, son meilleur ami Max Bercowicz (James Woods), la prohibition, leur ascension fulgurante - et leur inévitable chute - dans le milieu de la pègre.

Souvent manipulés par nos instincts les plus bas, il nous est souvent aisé de trouver les mots pour critiquer un film que nous n'apprécions pas. En face d'une oeuvre admirable et hypnotique, l'enthousiasme demeure parfois muet. Le silence s'installe, nous sommes les victimes consentante d'une contemplation extatique, intemporelle. Il y a trop de richesses dans ce film pour mettre l'accent sur certaines en occultant les autres.

Véritable bijou, le script passa par un nombre impressionnant de versions avant d'être finalisé. Pas moins de 8 scénaristes-dialoguistes y apporteront leur pierre : Sergio Leone, Leonardo Benvenuti
Piero De Bernardi, Enrico Medioli, Franco Arcalli, Franco Ferrini, Ernesto Gastaldi et enfin Stuart Kaminsky, responsable de la version anglaise du script. De construction complexe, toute en flashback, aux éclatements parfaitement gérés, le scénario est d'une richesse thématique extraordinaire. Aucun film n'embrasse autant de passions humaines et ne les fait éclore dans une mosaïque de genres aussi étendue. L'amitié, l'amour, la jalousie, la cupidité, la joie, la bêtise, la tristesse, la désillusion, la mélancolie... Tous ces sentiments se heurtent, s'agressent, se complètent dans des scènes qui vont de la bouffonnerie (la naissance du fils du chef de la police Danny Aiello) à la poésie de l'enfance (Noodles observant la danse de Deborah, caché dans les toilettes), en passant par la violence (le temps de la prohibition), le désespoir... Toutes les joies et les détresses de l'humanité naissent et meurent sous nos yeux dans une débauche de fureur et de paix. [1]

Robert de Niro, habité par son rôle comme à son habitude, a néanmoins rarement semblé aussi inspiré que sous la direction du réalisateur italien. La composition multiple de son personnage est fascinante. Il est à la fois cet homme âgé, usé, désabusé, aux gestes lents, conscient d'avoir raté une partie de sa vie, mais peut-être en route vers une certaine paix intérieure. Mais aussi, dans les
Noodles ou le paradis perdu
scènes situées dans les années 30, il est ce jeune impulsif, tiraillé entre la tendresse de l'amour et le goût de la violence qui l'environne et l'aspire. James Woods, sarcastique et inquiétant, Elisabeth Mc Govern, toute en finesse et en fragilité, Joe Pesci, égal à lui même, Tuesday Weld, Treat Williams, James Hayden, William Forsythe... Un casting intelligent et magnifié par un des plus grands directeurs d'acteurs qui fut
. [2]

Oeuvre monumentale de près de quatre heures, magistrale et envoûtante, sublimée par la musique d'Ennio Morricone et la photographie de Tonino Delli Colli (Le Bon la Brute et le Truand, Il était une fois dans l'Ouest, Ginger et Fred, Lune de Fiel, La vie est belle...), sur la mémoire, sur le temps irrévocablement passé, sur le regret, le remords, l'amour. A-t-on un jour illustré de manière aussi mélancolique la prise de conscience d'avoir gâché sa vie et ce qui nous était offert ? Quelques mots, prononcés par Noodles résument à eux seuls ce désespoir de jeunesse brisée qui, avec le temps, s'est peut-être approché de la sérénité. A son ami Fat Moe, lui aussi vieilli et fatigué, qui lui demande ce qu'il a fait durant toutes ces années d'absence, il répond simplement : "Je me suis couché de bonne heure." [3]

Ennio Morricone ou le monument musical

Once upon a time in America est le film testament de Sergio Leone... Un monument bouleversant du septième art qui permet à Ennio Morricone de délivrer les meilleures partitions de sa carrière après The Mission de Roland Joffé, composé deux ans plus tard. Ces thèmes incarnent à la perfection toute la nostalgie et la tristesse du film, chargés qu'ils sont d'une émotion délicate et
Maestro Morricone
palpable. Nous vibrons au son des notes de la flûte de pan de Gheorghe Zamfir, qui est à Once upon a time in America ce que l'harmonica était à Once upon a time in the West. Jamais Morricone n'avait été aussi mélodique, aussi profond et déchirant. Cette bande-originale, chef d'oeuvre tétanisant, fut injustement oublié de la course aux récompenses. Les officiels de la Ladd Company (oui oui, les mêmes qui massacrèrent le film aux USA) oublièrent en effet de rendre la bande son d'Ennio Morricone éligible pour les nominations aux Oscars, où le compositeur romain aurait certainement remporté la statuette du Meilleur Soundtrack de l'année. C'est Maurice Jarre qui sortit vainqueur cette année là pour A passage to India, ultime film de David Lean (Le Pont de la Rivière Kwai, Lawrence d'Arabie, Docteur Jivago). Une injustice à l'image du statut sous-estimé de cette véritable perle cinématographique, véritable plaidoyer pour un certain cinéma à jamais perdu.

Ciao Sergio !

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[1] Bernard Sellier

[2] idem

[3] idem

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